Une nouvelle enquête de Global Witness, publié mardi, a mis en avant le rôle des multinationales dans l’exacerbation des conflits dans l’Est de la RDC. L’ONG spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles des pays en développement et la corruption politique qui l’accompagne, a notamment indexé le négociant international de matières premières Traxys.
L’entreprise basée au Luxembourg est accusée, sur base de documents douaniers consultés, d’avoir acheté du coltan de conflit introduit en contrebande de la RDC vers le Rwanda. Ces accusations portent sur plusieurs milliards de dollars, représentant 280 tonnes de coltan.
« L’analyse des données commerciales et le témoignage de deux trafiquants de coltan suggèrent qu’une part importante du coltan acheté par Traxys au Rwanda est liée à la guerre en cours dans l’est de la RDC », allègue Global Witness.
L’enquête de Global Witness a surtout conclu que « Traxys était l’acheteur quasi exclusif du coltan vendu par l’exportateur de minéraux rwandais African Panther Resources Limited ». Ce minerais seraient exportés « illégalement » depuis Rubaya, une zone sous contrôle des rebelles du M23 qui sont soutenus par l’armée rwandaise. Les rebelles exigeraient ainsi une taxe de 15 % sur le prix de vente.
En 2024, les exportations de coltan d’African Panther ont atteint des volumes sans précédent, jusqu’à dépasser le cumul enregistré entre 2020 et 2023. « Cette augmentation des exportations coïncide avec l’escalade de la guerre au Nord-Kivu et l’intensification de la contrebande de coltan de conflit en provenance de Rubaya, ce qui suggère qu’une part importante des exportations d’African Panther en 2024 a été introduite clandestinement depuis les zones de conflit en RDC », estime Global Witness.
Cette enquête intervient deux mois après le véto du Luxembourg à la proposition des sanctions européennes contre des responsables rwandais. Si ces sanctions ont finalement été prises, la position du Luxembourg a été mal perçue à Kinshasa.
Infos.cd