Lors du compte rendu du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a révélé vendredi une série de mesures adoptées pour lutter contre l’exportation illégale des minerais congolais par le Rwanda et le M23.
Le ministre des Mines a informé le Conseil des dispositions prises pour endiguer ce trafic, notamment la déclaration du site de Rubaya-Namibwe comme zone minière rouge, l’exigence de la suspension du mécanisme régional de certification de la CIRGL aux exportations rwandaises et la demande de saisie et confiscation des minerais exportés depuis le Rwanda.
Ces mesures, selon Kinshasa, visent à mettre fin au pillage systématique des ressources naturelles de la RDC par le M23, un groupe armé soutenu par Kigali.
« Le pillage de nos ressources ne restera pas impuni. Nous avons engagé des actions pour stopper cette hémorragie et faire pression sur les institutions internationales », a déclaré le ministre des Mines cité par Patrick Muyaya.
Ces actions visent à contraindre la Conférence régionale sur les Grands Lacs (CRGL) à mener un audit sur toute la chaîne d’approvisionnement rwandaise, pour établir l’origine réelle des minerais exportés; suspendre l’octroi de certificats d’exportation aux minerais rwandais jusqu’à la fin de cet audit; exiger une surveillance internationale indépendante du commerce des minerais transitant par le Rwanda mais également mettre les importateurs finaux au niveau mondial dans l’incapacité juridique de s’approvisionner à partir du Rwanda.
Toutefois, le ministre des Mines a salué les réactions positives de plusieurs acteurs internationaux, notamment les sanctions contre James Kabarebe, proche conseiller de Paul Kagame, ainsi que contre le porte-parole du M23. Il a également souligné la récente décision du Conseil de l’Union européenne de réexaminer son protocole d’accord sur les minerais stratégiques avec Kigali.
Selon le gouvernement congolais, l’exploitation illégale des ressources naturelles est au cœur de la guerre dans l’Est du pays. Le M23, soutenu par Kigali, occupe plusieurs zones minières stratégiques dans le Nord et le Sud-Kivu, facilitant ainsi le transfert illégal des minerais vers le Rwanda, qui les revend ensuite sur le marché international.
Cette position est partagée par plusieurs rapports d’experts des Nations unies, qui ont documenté la présence de l’armée rwandaise aux côtés du M23 et son implication dans l’extraction et l’exportation frauduleuse de l’or, du coltan et d’autres minerais stratégiques.
Yvette Ditshima