Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté vendredi 21 février une Résolution appelant le Rwanda à retirer immédiatement ses troupes du territoire congolais. Ces dernières combattent aux côtés des rebelles du M23 et ont pris, ces dernières semaines, le contrôle de deux grandes villes de l’est du pays : Goma et Bukavu.
Cette recommandation, sans conditions, pourrait mettre fin à un conflit démarré depuis fin 2021 avec la résurgence du M23. Mais encore faut-il que Kigali, qui a depuis ignoré toutes les injonctions internationales pour le retrait de ses troupes, s’incline cette fois-ci.
Le représentant du gouvernement rwandais au Conseil de sécurité a dit que son pays « prenait acte » de la Résolution, qui invite également le gouvernement congolais à cesser tout soutien aux FDLR et à les neutraliser.
Dans une interview qu’il a accordée à Jeune Afrique la semaine dernière, Paul Kagame, président rwandais, avait déclaré :
« Si je dois choisir entre faire face à une menace existentielle et être confronté à des sanctions, je prendrai les armes ».
Le Rwanda a déjà décidé de se passer du soutien économique de la Belgique en annulant l’accord de coopération entre les deux pays. Ferait-il tête au Conseil de sécurité dont les Résolutions ont généralement un caractère contraignant ? « Si Kagame avait promis d’assurer la sécurité de son pays, y compris au prix des sanctions, les dynamiques actuelles ds les Nord et Sud-Kivu permettent de considérer qu’il peut s’en retirer pour donner bonne impression, la menace ayant été éloignée de ses frontières, tout en maintenant son influence dans ses provinces », explique à Infos.cd un chercheur en relation internationale. Cette posture, ajoute-t-il, permettrait à Kigali d’échapper à des sanctions sans perdre des gains notamment économiques.
« Ce, sans forcément que la situation sécuritaire soit en faveur de la RDC devant faire face à des défis du cessez-le-feu et des dialogues dans le cadre des processus de Nairobi et de Luanda, c’est-à-dire avec le Rwanda, d’une part, et des groupes armés locaux, y compris le M23, d’autre part »
« Les résolutions émises par le Conseil de sécurité n’ont pas toutes la même force contraignante. Dans le cas d’espèce, le Conseil « appelle à » (demande sans imposer ni exiger) au retrait immédiat de l’armée rwandaise du territoire congolais.
Parallèlement, il exprime son soutien aux conclusions du sommet conjoint entre l’EAC et la SADC, censées tracer une voie vers la paix », conclut-il.
« C’est un vote fort, mais son application reste incertaine », résume pour sa part l’analyste Tresor Kibangula de l’institut congolais Ebuteli.
Infos.cd