Une intervention sans concession de la Première ministre contre l’agression rwandaise à la réunion Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, vendredi à Addis-Abeba, a mis le président rwandais, présent, mal à l’aise, au point de quitter la salle.
C’est une scène qui en dit long sur l’état d’esprit de Paul Kagame face à cette énième action militaire qu’il engage contre la République démocratique du Congo. Connu habituellement pour son flegme, le président rwandais ne cesse de manifester des signes de nervosité inhabituelle face à la pression diplomatique manœuvrée par le gouvernement congolais.
Vendredi 14 février, lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), à Addis-Abeba, Paul Kagame a quitté la salle au moment où la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, qui représentait le président Félix Tshisekedi, démontrait comment le Rwanda agressait sans vergogne son voisin, au vu et su de tous.
« L’occupation illégale des territoires congolais par les troupes rwandaises, sous couvert du groupe terroriste M23, constitue un acte de guerre et une menace pour la stabilité de toute la région », a-t-elle indiqué, dénonçant une « impunité » dont jouit jusqu’ici le régime de Kigali.
Preuve que le Rwanda nargue tout le monde, le même vendredi, son armée a lancé une offensive à l’aéroport de Kavumu, à une trentaine de kilomètres de la ville de Bukavu, violant ainsi le cessez-le-feu décrété le 8 février par les chefs d’Etat et de gouvernement membres de la SADC et de l’EAC au terme d’un sommet conjoint à Dar-es-Salam.
« Ce n’est pas seulement la souveraineté de la RDC qui est en jeu. C’est le fondement même de notre Union et son engagement à protéger les États africains contre toute tentative de prise de pouvoir par les armes », a rappelé la cheffe du gouvernement congolais, soulignant la violation par le Rwanda des principes fondamentaux de la charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’Union africaine.
« Quand a-t-on toléré que des femmes soient violées, des enfants arrachés à leur famille ?, interroge-t-elle. Le Conseil doit agir avec fermeté. »
Une remontrance que Paul Kagame n’a pas pu digérer, lui qui, bien avant l’intervention de Judith Suminwa, a encore fondu dans sa rhétorique de dénégation qui n’embarque plus personne, tant les preuves de l’agression sont nombreuses et accablantes, à commencer par celles régulièrement présentées par les experts des Nations unies. Lors de leur dernier rapport, ils ont conclu, noir sur blanc, que le Rwanda déploie au moins 4 mille personnes sur le territoire congolais sous l’étiquette du M23. Lors de la prise de Goma, des sources sécuritaires concordantes ont même évoqué un renfort qui a porté à plus de 10 mille, le nombre d’éléments rwandais.
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