La vente aux enchères des trois crânes humains des Congolais, datant de l’époque coloniale, a été annulée mercredi par l’hôtel de ventes Vanderkindere à Uccle selon une annonce faite le même jour sur son site Internet.
Cette institution belge, organisatrice de la vente aux enchères, s’est rétractée après des dénonciations des organisations de défense des droits de l’homme, notamment le Collectif mémoire coloniale et Lutte contre les discriminations.
L’information est confirmée par le ministère congolais de Culture, Arts et Patrimoine sur son compte Twitter.
UNE VENTE DES CRÂNES DES CONGOLAIS ANNULÉE
A Bruxelles on a annulé la vente de trois crânes humains de la RDC du 19ème siècle. 1 crâne Bangala, 1 du chef arabe Mohara de 1893 au Lualaba et 1 de Bombia(Mongala) de 1894. Les prix étaient de 750 à 1000€. Elle a énervé L'éthique. pic.twitter.com/9iBTMsavKU
— Ministère de la Culture, Arts et Patrimoines RDC (@minculturap_rdc) November 30, 2022
« Un crâne de Bangala anthropophage aux incisives taillées en pointes, un crâne du chef arabe Muine Mohara tué par le sergent Cassart à Augoï le 9 janvier 1893 et décoré d’un bijou frontal, et un fragment de crâne collecté au « Figuier de la mort » dans le village de Bombia, dans la province de la Mongala, par le docteur Louis Laurent le 5 mai 1894. Portant d’anciennes étiquettes de collection. Provenance : ancienne collection du docteur Louis Laurent à Namur. Époque : XIXe ».
Ainsi, l’hôtel de ventes Vanderkindere a décrit, sur son site Internet, ces restes humains dont le prix de vente a été fixé entre 750 et 1.000 euros.
« Cette vente odieuse n’est que la énième expression de la déshumanisation issue de la colonisation qui se perpétue encore aujourd’hui. Des crânes, des dépouilles des Congolais, sont encore aujourd’hui considérés comme des « objets de curiosité » que l’on peut exposer en ligne et physiquement, évaluer en argent et vendre aux enchères sans que cela n’interroge quiconque », a tonné le Collectif dans un communiqué de presse.
A ses yeux, il s’est agi d’une « vente ignoble » qui traduit « la violence caractérisée du système colonial (qui) se reproduit encore et encore ».
En cédant à la pression, l’hôtel de ventes Vanderkindere a présenté des « excuses envers toute personne ayant été meurtrie et blessée par la mise en vente de ce lot ».
« Nous ne cautionnons aucunement les souffrances et les humiliations subies par les peuples victimes de ces actes coloniaux », a-t-il ajouté.
La vente aux enchères de ces trois reliques devrait avoir lieu le mercredi 14 décembre à 18h30.
Laurent Omba