Le Tribunal de grande instance de Kinshasa Gombe a rejeté, mercredi, la cinquième demande de liberté provisoire du journaliste Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint de Actualité.cd et correspondant de Jeune Afrique.
Les avocats de Stanis Bujakera l’ont appris du greffe du TGI Gombe alors qu’ils continuent à battre en brèche les accusations du ministère public qui, selon eux, ne reposent sur aucun soubassement fiable. Ce nouveau rejet a déçu la défense qui avait pourtant donné toutes les garanties de comparution au Tribunal en homme libre.
« Nous leur avons proposé de rajouter des conditions mais le tribunal refuse toujours quand il apparaît pourtant de plus en plus que les accusations du ministère publique ne reposent sur rien », a fustigé Me Ndikulu Yana, porte-parole du collectif de défense de Stanis Bujakera.
S’ils ont finalement obtenu du Tribunal la « contrexpertise » de l’analyse du document attribué à l’ANR à la base des poursuites contre le journaliste, les avocats de la défense contestent cependant l’expert désigné « unilatéralement » par le Tribunal, un certain Kambula Mulowayi, greffier du tribunal.
La défense avait proposé Gary Miller, expert américain de la lutte contre l’espionnage numérique et Emmanuel Gontcho, expert congolais et directeur général de l’agence G&G, pour cette contrexpertise. Une requête à laquelle le tribunal n’a pas accédé.
Arrêté le 8 septembre à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, Stanis Bukjakera est jugé depuis le 13 octobre. Le Parquet congolais l’accuse d’avoir « fabriqué un faux document » attribué à l’ANR et sur base duquel un article de Jeune Afrique retrace le rôle qu’auraient joué les renseignements militaires dans l’assassinat du député et opposant Chérubin Okende. Un article que Bujakera n’a pas signé.
Il risque pourtant 10 ans de prison. L’accusation repose notamment sur les résultats d’une expertise du parquet qui désigne Bujakera comme le premier émetteur de ce document via Telegram. Une enquête d’Actualite.cd et Jeune Afrique, en collaboration avec le consortium Congo Hold-up, est venue totalement ébranlée cette thèse.
Yvette Ditshima