Dans les ruelles étroites et animées de Pakadjuma, où la survie quotidienne laisse peu de place aux soins et à l’écoute, un souffle d’espoir a traversé le quartier ce jeudi. Une clinique mobile, déployée par l’ONG Femmes main dans la main pour le développement intégral (FMMDI), s’est installée au cœur du quartier pour offrir aux femmes et aux jeunes filles protection, soins médicaux et accompagnement face aux violences basées sur le genre (VBG).
Avec l’appui technique du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), cette activité s’inscrit dans le cadre du projet KOICA soutenu par le gouvernement coréen. FMMDI a installé une clinique mobile dans ce quartier vulnérable de la zone de santé de Limeté afin de rapprocher les services essentiels des populations les plus exposées aux violences basées sur le genre.
Pour contourner les difficultés d’accès aux structures sanitaires, l’équipe a déplacé plusieurs services directement dans le quartier.
« Nous avons déplacé quelques services entre autre le service médical, psychologique avec quelques prestataires (un psychologue, un médecin et un technicien). Alors au lieu qu’on les appelle ailleurs, faute de moyen de transport ou une faible accessibilité, nous nous sommes dit que nous allons venir vers eux pour qu’elles bénéficient de la prise en charge », a expliqué Laïla Nyashi, coordinatrice provinciale de l’ONG Femmes main dans la main pour le développement intégral.
FMMDI a également animé une séance de sensibilisation sur les différents types de VBG, les droits des femmes, des jeunes filles et des enfants, ainsi que sur l’accès aux services essentiels.
« Nous sommes dans la promotion des droits humains, entre autre sur le viol, violence psychologique, sexuelle, le mariage précoce. Elles peuvent aussi accéder à différents services », a-t-elle rappelé.
Plusieurs tests médicaux ont été réalisés, notamment le test de grossesse, les tests IST et VIH/SIDA.
« Les techniciens sont en train de les consulter, et après il y aura une prise en charge. On a amené quelques implants, quelques médicaments à leur donner. Nous avons aussi amené des préservatifs », a indiqué la Coordinatrice, soulignant que cette activité s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre.
Selon Félicien Kamba, IT de l’aire de santé Industrielle 3 et point focal VBG à Limeté, Pakadjuma enregistre régulièrement plusieurs formes de violences.

« Il y a plusieurs cas de VBG entre autres le viol, les violences sexuelles, agression sexuelle, agression physique, mariage forcé. Vu le nombre élevé de professionnels de sexe, nous profitons pour mieux identifier tous les cas qui sont atteints », a-t-il déclaré.
Il a détaillé les traitements disponibles contre les IST et les méthodes de contraception distribuées, notamment les pilules d’urgence, les POP, les implants Jadel et les préservatifs masculins.
Sur place, les femmes et jeunes filles présentes ont exprimé leur gratitude pour cette initiative rare et précieuse.
« Je salue leur geste pour venir nous soigner. Nous avons été sensibilisées contre les violences basées sur le genre que nous ignorons ensuite, ils nous ont donné des médicaments et des préservatifs, nous les avons vraiment appréciés. Je promets de transmettre le message à toute ma communauté », a témoigné Ana Loyanga, résidente du quartier.
Dans ce coin de Kinshasa où la vulnérabilité fait partie du quotidien, la clinique mobile n’a pas seulement apporté des médicaments ou des tests : elle a surtout redonné aux femmes et aux jeunes filles de Pakadjuma le sentiment d’être vues, entendues et protégées. Pour beaucoup d’entre elles, ce geste représente déjà le début d’une guérison.
Cette prise en charge des survivantes intervient dans un contexte national où les violences basées sur le genre restent omniprésentes en République démocratique du Congo. Selon des données récentes de UNFPA en RDC, les cas signalés de VBG ont presque triplé entre 2018 (47 502 cas) et 2022 (119 394 cas), illustrant à la fois l’ampleur du fléau et les efforts croissants de signalement et de réponse à travers le pays
Yvette Ditshima






