Quel est le degré d’acceptation des minorités sexuelles dans des familles et communautés congolaises ? C’est ce qu’a mesuré une étude menée à Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu dans le cadre du projet Talents Pluriels de l’ONG Cuso International.
Pour préparer le déploiement de son projet Talents Pluriels dans trois grandes villes du pays, Cuso International a mené en 2024 une étude approfondie sur la situation socio-économique des jeunes vulnérables en République démocratique du Congo. Un projet réalisé en partenariat avec les ministères ciblés notamment du Genre, du Travail, de l’entrepreneuriat, de la jeunesse, et neuf associations communautaires congolaises. Dans cette étude, l’équipe de la recherche s’est notamment penchée sur une question sensible : le degré d’acceptation des minorités sexuelles au sein des familles et des communautés congolaises. Selon les responsables du projet, ces données permettront d’adapter les actions sur le terrain afin de favoriser l’inclusion et la cohésion sociale.
Il ressort de cette enquête que moins d’une personne sur deux accepte les minorités sexuelles, mais sans les supporter dans le ménage ou dans la société de manière générale. Dans les ménages, les plus radicaux restent les pères dont 96,1 estiment que cette orientation sexuelle déviante.
L’étude note que la reconnaissance des jeunes vulnérables, notamment des minorités sexuelles, dans la société et dans les ménages est plus forte chez les jeunes générations que les vieilles. Mais, de manière générale, les minorités sexuelles, les jeunes en grande majorité, ne sont pas acceptés dans leurs ménages ou dans leurs communautés et ce ni par leurs parents, ni par leurs frères/sœurs. « Leur orientation sexuelle est qualifiée de déviant ; par rapport à la coutume ou à la religion. Elle est associée au comportement occidental susceptible de conduire à un dérèglement de la société. Dans ce pays où près de 95% d’individus sont des croyants, l’enquête révèle que la quasi-totalité des enquêtées s’insurgent contre les minorités sexuelles pour des raisons religieuses ».
Selon les résultats de cette enquête, 75% des minorités sexuelles souffrent de rejet et stigmatisation dans la société. Ils ne sont pas non plus épargnés en milieu scolaire où plus de 71% disent avoir subi de discrimination. Celle-ci peut même être perceptible dans des lieux publics comme le restaurant (39%).
Ce faible degré d’acceptation renforce la vulnérabilité de ces jeunes dans la société congolaise. A Bukavu, les enquêteurs ont remarqué que les minorités sexuelles s’organisent et vivent en communauté pour face à ce rejet, c’est le cas au « Quartier Général » de Bukavu. Le plus souvent, ils vivent en collocation.
Plus de dix mille jeunes minorités sexuelles ont été interrogées à Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu dans le cadre de cette étude réalisée sur demande de l’Ong Cuso International dans le cadre de son projet Talents Pluriels axés sur le développement socio-économique des jeunes vulnérables.






