Présentée mardi, une enquête menée à Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu par le Cedesurk révèle que, malgré une forte reconnaissance sociale, la grande majorité des jeunes LGBTQIA+ continuent de subir discriminations et exclusions dans la société congolaise.
Réalisée dans le cadre du projet Talents Pluriels de Cuso International, avec le soutien financier des ambassades de Suède et du Canada, l’étude portant sur le « statut socio-économique des jeunes vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes LGBTQIA+21 » a interrogé des jeunes de 18 à 35 ans ainsi que des membres de leurs communautés.
Selon les résultats, 89 % des jeunes reconnaissent l’existence des minorités sexuelles, avec de fortes variations géographiques : Bukavu (99 %), Kinshasa (77,5 %) et Lubumbashi (65,17 %).
Pour autant, la reconnaissance ne garantit pas l’inclusion. Au total, 72 % des jeunes LGBTQIA+ affirment avoir été discriminés à l’école, et beaucoup sont rejetés dans leurs ménages ou par leurs communautés.
« Ces jeunes vivent rejet, méfiance et insultes, ce qui réduit leur estime de soi et ne leur permet pas de développer leur potentiel pour contribuer efficacement à la société », a déclaré Agathe Ngomba, coordinatrice du projet Talents Pluriels.

L’enquête révèle également que 80 % des jeunes travaillent dans le secteur informel, surtout les femmes, dans le petit commerce, l’agriculture de subsistance ou les services à faible valeur ajoutée. Elle souligne la nécessité de créer un environnement sûr, inclusif et sensible au genre pour permettre aux jeunes marginalisés de participer pleinement au développement socio-économique du pays.
Dans le monde professionnel, la situation reste préoccupante. Bien que de nombreux responsables d’entreprises déclarent ne pas pratiquer de discrimination, un sur quatre reconnaît l’existence de pratiques discriminatoires au recrutement et dans les relations de travail, notamment refus de collaboration, stéréotypes et absence de protection dans l’environnement professionnel.
Au-delà des minorités sexuelles, d’autres jeunes vulnérables (femmes, personnes vivant avec un handicap ou albinos) font face à des obstacles similaires.
Selon la coordinatrice du projet, l’étude souligne l’urgence de renforcer l’inclusion et la protection des jeunes vulnérables en RDC, en particulier dans l’éducation, la santé, l’emploi et la sécurité, afin de créer un environnement où tous les jeunes marginalisés peuvent participer pleinement à la vie sociale et économique du pays.
Yvette Ditshima






