À la veille des 16 Jours d’activisme contre les violences basées sur le genre, l’UNFPA et le ministère du Genre, Famille et Enfant ont tenu, lundi à Kinshasa, un café de presse consacré aux violences numériques faites aux femmes et aux filles. Cette édition 2025 met l’accent sur un phénomène en forte progression, regroupé sous le thème national : « Mettre fin à la violence numérique contre les femmes et les filles ».
Selon les données présentées, 85 % des femmes dans le monde ont déjà subi une forme de violence numérique, tandis que 55 % ont vu leurs images diffusées sans leur consentement. Pour l’UNFPA, ces pratiques constituent une « crise mondiale » qui affecte la santé mentale des femmes, limite leur présence sur les réseaux et fragilise leur autonomie économique.
Les violences numériques recouvrent plusieurs formes notamment deepfake pornographique, sextorsion, cyberharcèlement, usurpation d’identité, diffusion non consentie d’images, doxxing et menaces en ligne, souvent amplifiées par la viralité des plateformes sociales.
« La violence numérique constitue une menace sérieuse pour l’autonomie corporelle et la santé mentale des jeunes, deux aspects fondamentaux au cœur de la mission de l’UNFPA », a déclaré Mireille Ikoli, chargée des violences sexuelles basées sur le genre au sein de l’organisation.
Elle a précisé que ces agressions ne doivent pas être banalisées sous prétexte qu’elles se déroulent en ligne.
« Ce n’est pas parce que l’agression se déroule sur un écran que l’impact est virtuel. Les conséquences sont réelles : isolement, stress, abandon de l’école ou des opportunités économiques », a-t-il indiqué.
Ce cadre de l’UNFPA a rappelé que la stratégie de l’agence repose sur trois axes : la prévention, menée avec les communautés et les leaders locaux ; la protection via un accompagnement psychosocial et juridique ; enfin la production de données fiables pour orienter les politiques publiques. À ce titre, « intégrer la citoyenneté numérique, la sécurité en ligne et l’éducation à la vie familiale permettra de mieux outiller les adolescents », a-t-elle ajouté, annonçant une campagne de sensibilisation sur les plateformes numériques durant les 16 jours.
De son côté, la ministre du Genre, Famille et Enfant, Micheline Ombae, a insisté sur la collaboration avec le ministère du Numérique pour contrer ce phénomène qui, dit-elle, « ternit l’image de la femme et de la jeune fille » sur les réseaux sociaux. Elle a rappelé que le Code du numérique réprime la diffamation en ligne, les menaces, l’usurpation d’identité et la manipulation de données personnelles, tout en reconnaissant que l’impunité et le sous-signalement restent les principaux obstacles.
Plusieurs défis ont été évoqués, parmi lesquels l’insuffisance de la coordination institutionnelle, le manque de données nationales, la faible prise en compte du genre dans les politiques publiques et l’application partielle des lois existantes. Les priorités annoncées portent sur le renforcement de la coordination, l’implantation des antennes AVIFEM dans les 26 provinces, et l’inscription du financement des CISM au budget 2026.
Parmi les actions déjà en cours, l’UNFPA a rappelé la campagne mondiale Bodyright, le programme international Making All Spaces Safe, ainsi que la ligne verte 49555, qui oriente les survivantes vers les services de prise en charge. Durant les 16 jours, une campagne digitale intitulée « TOSA NGAYI » sera diffusée pour sensibiliser aux normes nuisibles en ligne et encourager des espaces numériques plus sûrs.
La campagne internationale des 16 Jours d’activisme débute ce 25 novembre et s’achèvera le 10 décembre. Institutions publiques, organisations de la société civile et partenaires internationaux mèneront, durant cette période, ateliers, actions communautaires et plaidoyers pour renforcer la prévention et la prise en charge des victimes en RDC.
Yvette Ditshima






