Lors de la célébration du dimanche des Rameaux à la paroisse Notre-Dame de la Sagesse (NODASA), à l’Université de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo a prononcé une homélie vibrante, mêlant vérité spirituelle et lucidité sur la situation humaine, sociale et politique de la République démocratique du Congo.
Il a exhorté les fidèles à entrer dans la Semaine sainte avec un esprit de conversion sincère, d’introspection et d’engagement pour le bien commun.
« C’est surtout dans nos vies, dans nos communautés, dans nos paroisses, dans notre pays que le Christ veut entrer », a-t-il déclaré, rappelant que Jésus ne vient pas pour être acclamé passagèrement, mais pour transformer les cœurs et les structures de la société.
Le cardinal a mis en garde contre l’hypocrisie religieuse et les louanges superficielles.
« Il est pénible et contradictoire que les mêmes qui ont chanté Hosanna hier soient ceux-là même qui crient Crucifie-le le lendemain. C’est la maladie du cœur humain », il a ainsi dénoncé la versatilité de l’être humain, prompt à adorer comme à trahir, souvent par intérêt ou par peur de l’épreuve.
Dans un langage sans détour, il a dénoncé ce qu’il appelle l’orgueil vide de sens de certains Congolais.
« Un peuple malheureux mais orgueilleux. Il croit qu’il est quelque chose, alors qu’il n’est rien sur la scène internationale », a-t-il déploré.
À cette illusion de grandeur, le cardinal a opposé l’humilité radicale du Christ, « qui s’est abaissé, s’est anéanti, devenant obéissant jusqu’à la mort sur la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté ».
Il a également dénoncé l’incohérence dans les relations humaines en amitié, dans les couples ou les milieux sociaux.
« Il y a de vrais amis, qui sont là dans le meilleur et dans le pire, et il y a de faux amis, là seulement pour te flatter. Méfie-toi de ce genre d’amis », a-t-il ajouté.
Appelant à la solidarité avec les plus faibles, le cardinal a encouragé les fidèles à porter leurs croix, maladies, chômage, conflits conjugaux, échecs, pauvreté… et à les unir à celle du Christ. Il a évoqué la souffrance du peuple congolais : les victimes des inondations, les déplacés de guerre, les jeunes sans emploi, les familles éclatées, et le pays tout entier « qui croule sous le poids de la misère ».
« La croix de Jésus-Christ n’est pas un échec, mais un signe de victoire. Victoire de l’amour sur la haine, de l’humilité sur l’orgueil, du bien commun sur l’égoïsme », a-t-il souligné, insistant sur le fait que c’est à partir de la croix que peut surgir la résurrection, tant individuelle que collective, pour le Congo.
Le cardinal Ambongo a salué l’initiative conjointe de la CENCO et de l’Église du Christ au Congo, qui appellent à l’adhésion à un pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble dans le pays et dans la sous-région des Grands Lacs.
« L’humilité précède toujours la gloire », a-t-il conclu, citant le livre des Proverbes (15,33), et invitant les Congolais à bâtir une nation réconciliée, humble et solidaire, prête pour une véritable résurrection nationale.
Giscard Havril Mane