La République Démocratique du Congo abrite, ce mercredi 17 août, le 42ème sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
La réunion du Conseil des ministres des Etats parties a eu lieu, au Palais du peuple à Kinshasa, les 13 et 14 août.
Comme le veut souvent la coutume, à la fin des travaux, le pays hôte présente aux convives des offres de détente, variant d’un Etat à un autre. Selon, bien évidemment, les spécificités (touristiques, culturelles, infrastructurelles, etc.) et le contexte (sécuritaire, sanitaire, etc.).
La RDC n’a pas dérogé à cet usage de bienséances diplomatiques. Bien au contraire, la « chaleur » congolaise était bien au rendez-vous. Une particularité, pas si étonnante pour d’aucuns, de l’offre congolaise. Plus d’une fois, les ministres des pays de la SADC ont été conviés à la danse. « On ne repart pas de la RDC sans danser », « nous allons danser Zaïko et Werrason », a-t-on prévenu, de la manière la plus officielle, ces personnalités politico-diplomatiques africaines tenues de préparer au millimètre près la participation de leurs chefs d’Etat au sommet de ce mercredi 17 août.
Nul n’ignore que le « Ndombolo », malgré sa perte de vitesse, est compté parmi les marqueurs de l’identité congolaise. De la diplomatie culturelle, pourrait-on dire. Pourvu de ne pas ignorer le contexte tant congolais que régional.
C’est justement, sur un sujet d’ordre régional marqué, entre autres, par la tenue de la présidentielle au Kenya, que certaines mauvaises langues, dans les échanges de couloirs au majestueux Palais du peuple, ont pris plaisir d’évoquer l’éventualité et les conséquences de l’élection de William Ruto, le vice-Président devenu opposant au Président sortant et proclamé vainqueur par la commission électoral.
Uhuru Kenyatta a initié un processus de paix en RDC dont le lendemain est suspendu au bon vouloir de son successeur. Il s’agit notamment du déploiement de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est pour traquer les groupes armés réfractaires au désarmement et à la démobilisation.
Discourir sur William Ruto, dans la capitale congolaise, est loin de la banalité. En effet, fin février dernier, le Kenyan s’était lâché, avant de présenter des excuses. Sa perception des Congolais n’était pas pour autant reconstruite, le contraire de ses « fâcheux » propos n’ayant pas encore été prononcé : « Ces gens sont environ 90 millions d’habitants, mais ils n’ont pas de vaches pour produire leur propre lait », a-t-il affirmé. Et de décrire les Congolais comme des personnes « qui ne savent que chanter et porter des pantalons enfilés au-dessus du nombril ».
Des indiscrétions parmi les diplomates présents dans ces échanges de couloirs ont laissé entendre que parler de William Ruto après avoir entendu, de leurs propres oreilles, l’offre de la danse à Kinshasa relève d’une expression d’indignation. D’autant plus que, dans son speech, le Ministre congolais de l’Intégration régionale et Francophonie a fait état de « l’agression dont elle (la RDC, ndlr) est victime de la part du Rwanda (…) ». Et de plaider auprès de ses pairs pour : « (…) ne pas regarder à distance l’agression que subit la RDC depuis plus de deux décennies. Nous devons travailler pour la paix et la stabilité de tous nos pays, en l’occurrence au Mozambique et en République Démocratique du Congo (…) ».
La cohérence de cette communication, censée être sensible, aurait suggéré aux organisateurs de ces assises, entre autres, d’orienter les convives vers un site de recueillement ou un cadre d’audition des témoignages des victimes des conflits armés et de la conflictualité dans l’Est du pays. D’autant plus qu’en ce mois d’août, les Congolais se souviennent non seulement du déclenchement de la « Première guerre mondiale africaine » (Susan Rice) le 02 août 1998 mais aussi de l’appui militaire des pays de la SADC (Angola, Namibie, Zimbabwe). Sans laquelle nul ne sait ce que serait devenu le Congo.
Comment, dans ce cas, persuader du « changement de narratif » sur la RDC ? Occasion manquée.
Comme l’affirme, non sans raison, Jacques Salomé, « C’est la qualité de la communication verbale et non verbale qui (…) donnera aux désirs leur puissance et leur ampleur ».
Lembisa Tini (PhD)