Dans les rues de Kinshasa, l’homme politique se vend bien et rafle la majorité d’affiches publicitaires. Un constat qui en dit long sur l’hyperpolitisation de la vie nationale.
« Parles-moi du contenu de la plupart des affiches publicitaires, je te dirai l’ industrie la plus attractive dans ton pays ». C’est à cette petite phrase que pourrait s’expliquer la présence envahissante des panneaux publicitaires à caractère politique à Kinshasa.
Dans les rues de Kinshasa, les opérateurs politiques ont pratiquement doublé des annonceurs traditionnels comme des entreprises cellulaires, brassicoles, alimentaires et bien d’autres dans les annonces publicitaires.
Ce constat n’est pas fortuit. Il est le résultat d’une hyperpolitisation de la vie nationale.
La République démocratique du Congo compte à ce jour plus de 900 partis politiques. « Tout le monde veut désormais faire de la politique car c’est le seul secteur qui paie bien. Même les opérateurs économiques, se réfugient dans la politique pour promouvoir et protéger leurs affaires », constate un analyste.
Évidemment, quand un député national touche jusqu’à 21 000 dollars de salaire mensuel, un mandataire public jusqu’à 30 mille dollars, un ministre beaucoup plus, dans un pays où le revenu moyen d’un Congolais n’atteint pas 100 dollars le mois, il y a de quoi attirer plus de monde dans la politique.
Le nombre de candidats aux prochaines élections est démonstratif : près de 24 000 à la députation nationale, près de 50 000 aux provinciales, près de 10 000 aux municipales, 24 à la présidentielle.
Le secteur économique, porteur de réelles richesses, est alors dépeuplé. Face notamment aux tracasseries administratives et au difficile accès aux crédits bancaires, l’entrepreneuriat décourage plus qu’elle n’attire.
« Cette dérive est l’expression de notre difficulté à comprendre qu’il faut aller vers la production réelle, mettre des ressources dans la formation et l’entrepreneuriat. Tant que le système sera concentré sur la consommation par les rémunérations et les fonctionnements, les gens vont continuer à aller là où coulent le lait et le miel », a déclaré le député Jacques Ndjoli à Jeune Afrique.
A un mois de la campagne électorale, il faudrait s’attendre à encore plus de panneaux publicitaires des opérateurs politiques vendant chacun des promesses d’un avenir meilleur. Des imprimeurs et annonceurs, eux, en tout cas, se frottent déjà les mains.
La rédaction