Dans son discours d’investiture pour son deuxième mandat, prononcé le 20 janvier 2024, au stade des Martyrs, à Kinshasa, devant plusieurs chefs d’État, Félix-Antoine Tshisekedi avait résumé le programme de son second mandat en six engagements, avec comme priorité l’amélioration des conditions de vie des Congolais.
Pour montrer que cette ambition demeure au cœur de ses priorités, le chef de l’État avait rappelé, lors du 5ᵉ Conseil des ministres tenu le 12 juillet 2024, sa « détermination et celle de son gouvernement à déployer moult initiatives allant dans le sens de stabiliser les prix sur les marchés et à promouvoir l’entrepreneuriat local ».
Nommé vice-premier ministre, ministre de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba s’est fixé trois objectifs majeurs pour traduire en actes la vision du Président de la République : lutter contre la vie chère, relancer la production locale et formaliser l’économie informelle.
Cartésien et pragmatique, Daniel Mukoko Samba a mis en place une Commission technique réunissant tous les services de l’État impliqués dans la perception des taxes afin d’établir un diagnostic capable d’identifier les causes de la hausse des prix de certaines denrées. Aux membres de cette commission, il avait adressé ce message :
« Vous n’êtes pas là pour défendre les intérêts de vos services, mais pensez d’abord à la misère de nos populations et surtout au souci du chef de l’État de vouloir restaurer le pouvoir d’achat de nos compatriotes ».
Déterminé à concrétiser les orientations du Président de la République, le VPM à l’Économie nationale est parvenu à faire baisser le prix de plusieurs produits de première nécessité, notamment le riz, le maïs, les chinchards (mpiodi), le poulet et la viande… Le succès le plus marquant reste toutefois la baisse du prix des produits pétroliers à la pompe : en une année, dabs la zone ouest du pays par exemple, le litre d’essence est passé de 3 465 FC à 2 990 FC, puis à 2 690 FC, avant d’atteindre aujourd’hui 2 440 FC.
En principe, les efforts du Ministère de l’Économie nationale, matérialisés par cette nouvelle réduction du prix du carburant à la pompe, devraient automatiquement se traduire par une baisse du prix du transport en commun, à Kinshasa comme ailleurs. Curieusement, rien ne bouge. Pourtant, relèvent plusieurs analystes économiques, l’ajustement devrait être automatique. Le Ministère de l’Économie nationale ayant joué sa partition, les instances chargées de réguler les tarifs du transport devraient jouer la leur. C’est comme dans un orchestre, si le soliste n’est pas soutenu par l’accompagnateur et que le bassiste n’entre pas à temps, l’harmonie disparaît.
C’est ici que je me tourne vers les autorités urbaines de la ville de Kinshasa pour leur faire comprendre qu’elles doivent prendre le relais, mieux, jouer pleinement leur rôle pour donner du contenu aux actions engagées par le chef de l’État à travers ses ministres sectoriels.
Sans une baisse effective des tarifs de transport, la réduction du prix du carburant restera sans impact pour la population, annulant par effet domino les bénéfices attendus sur les autres produits. Ainsi, par exemple, les voyageurs en provenance ou en partance de Matadi ou Kikwit ne comprennent pas que les prix de transport n’aient pas baissé alors que la structure des prix des produits pétroliers a été revue à la baisse.
Le gouvernement provincial de Kinshasa doit sortir de sa torpeur. À plusieurs reprises, le chef de l’État a lancé un véritable SOS en Conseil des ministres pour exhorter les autorités urbaines à redonner vie à la capitale. Félix-Antoine Tshisekedi a rappelé à l’Hôtel de ville qu’il ne souhaitait plus voir les motocyclistes circuler dans le centre-ville (Gombe), il a dénoncé la « sachetisation » de la capitale et, la semaine dernière encore, il s’est insurgé contre l’insalubrité grandissante de Kinshasa.
À titre personnel, je reste convaincu qu’au nom de la solidarité gouvernementale, nationale comme provinciale, la complémentarité doit être la règle pour mettre en œuvre le programme du chef de l’État. C’est ainsi que chaque membre du gouvernement, qu’il soit national ou provincial, démontrera son adhésion sincère à la vision du chef del’État.
Ce n’est pas en citant mille fois par jour le nom du chef de l’État que l’on prouve sa loyauté, mais plutôt en traduisant en actes ses orientations. À la fin de son mandat, Félix-Antoine Tshisekedi sera jugé sur les promesses tenues, non sur le nombre de fois où il aura été vanté par ses collaborateurs.
Rombaut KASONGO MABIA
Journaliste indépendant






