Déféré devant la Haute cour militaire, cet élu du Nord-Kivu a été placé en détention à Makala en attendant son jugement. Il est notamment accusé d’avoir formé une milice privée et d’apporter son soutien aux rebelles du M23.
Les charges retenues contre Édouard Mwangachuchu Hizi sont très lourdes. Ce député du Nord-Kivu est poursuivi pour trahison, atteinte à la sûreté de l’État, détention illégale d’armes et munitions de guerre, association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel et incitation à commettre des actes contraires au devoir ou à la discipline. Rien de moins.
Procédure de flagrance
Plusieurs fois accusé de soutenir des groupes rebelles et même d’entretenir une milice privée à Masisi, son fief électoral, Édouard Mwangachuchu a été arrêté le 1er mars, à son domicile kinois, dans le cadre d’une procédure de flagrance. Il a été déféré devant la Haute cour militaire, qui a ordonné sa détention dans l’attente de son jugement.
« Vu l’extrême gravité des faits qui lui sont reprochés, je suis inquiet et j’ai de sérieuses réserves quant à la régularité de la procédure », a réagi auprès de Jeune Afrique un membre de sa famille.
Élu sénateur en 2006, puis député en 2011 et 2018, Édouard Mwangachuchu est le propriétaire de la Société minière de Bisunzu (SMB) dans le Masisi. « C’est parce qu’il est en conflit avec d’autres entrepreneurs locaux qu’il a eu recours à un groupe d’autodéfense pour protéger sa concession », croit savoir un autre député du Nord-Kivu. « Ce sont des armes détenues par sa milice qui ont été découvertes. »
Membre du CNDP
Président de la communauté tutsi du Nord-Kivu, Édouard Mwangachuchu est aussi membre du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), une ancienne milice transformée en parti politique. Les services de sécurité disent avoir découvert chez lui des effets militaires, dont une boîte contenant 42 munitions de 9mm mais aussi des ordinateurs, des téléphones et des caméras.
Le 6 mars, un autre prévenu a été présenté devant la Haute cour militaire, en tant qu’ « auteur par participation » aux infractions reprochées à Mwangachuchu. Il s’agit d’un policier transféré de Masisi à Kinshasa.
La justice congolaise soupçonne également le député d’avoir apporté son soutien aux rebelles du M23. Son arrestation et son placement en détention à la prison de Makala, à Kinshasa, interviennent au moment où le M23 a encore gagné du terrain ces derniers jours dans le territoire de Masisi.
Contactée par Jeune Afrique, la famille du député dénonce une cabale et affirme qu’il a toujours clairement pris position contre le M23 et qu’il a exhorté les rebelles à renoncer aux armes.
Avec Jeune Afrique