Félix Tshisekedi et Paul Kagame se sont rencontrés mardi à Doha sous la médiation de l’émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Cette réunion de haut niveau, consacrée à la crise sécuritaire dans l’est de la RDC, a abouti à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, selon la présidence congolaise.
Toutefois, les communiqués des deux présidences révèlent quelques divergences dans le rendu.
Kinshasa considère le M23/AFC comme une force d’occupation soutenue par Kigali et insiste sur la nécessité de rétablir l’intégrité territoriale de la RDC.
« Le président a convenu avec son homologue rwandais, sous la houlette de leur hôte, de poursuivre les discussions en vue d’un règlement durable qui visera à rétablir l’intégrité territoriale de la RDC, à stabiliser la région et à mettre fin aux terribles violences perpétrées par le M23/AFC au Nord et au Sud-Kivu », a-t-on lu dans ce communiqué.
Kigali à l’inverse, défend la nécessité d’un dialogue direct entre le M23/AFC et Kinshasa, estimant que ce mouvement rebelle est une partie prenante incontournable du conflit.
« Les dirigeants ont également discuté de la nécessité urgente d’un dialogue politique direct avec l’AFC/M23, essentiel pour s’attaquer aux causes profondes du conflit dans l’est de la RDC », souligne le communiqué rwandais.
Si la RDC invoque l’application stricte de la Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui oblige le Rwanda à retirer ses troupes du territoire congolais, le Rwanda, en revanche, met en avant la présence des FDLR, un groupe armé issu des génocidaires rwandais de 1994, et affirme que la sécurité régionale ne peut être garantie sans un traitement de cette question.
Sur le plan diplomatique, Kinshasa privilégie les cadres de Luanda et Nairobi, où les discussions se font sous l’égide de l’Union africaine et de la communauté internationale. Kigali par contre met davantage l’accent sur une médiation extérieure, notamment celle du Qatar, et sur la nécessité d’impliquer toutes les parties prenantes, y compris le M23/AFC.
Cette rencontre entre Kagame et Tshisekedi est intervenue le jour même où devaient débuter les négociations officielles entre le gouvernement congolais et le M23/AFC à Luanda. Ces discussions ont cependant été suspendues après le refus du M23/AFC d’y participer.
Yvette Ditshima