L’Union Nationale de la Presse du Congo UNPC, s’insurge contre la décision du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), qui a suspendu pour 90 jours la médiatisation des activités de Joseph Kabila, sénateur à vie et ancien président de la République, ainsi que celles de son parti, le PPRD. Cette mesure, applicable sur l’ensemble du territoire national, suscite une vive réaction du corps de presse.
Dans une déclaration rendue publique ce vendredi, l’UNPC affirme que cette décision constitue une violation flagrante des principes fondamentaux de la liberté de la presse et d’expression, consacrés par la Constitution congolaise.
Pour l’Union, la suspension décidée par le CSAC s’apparente à une censure injustifiée.
« Les journalistes ne peuvent pas accepter une régulation qui vise à les museler ou à les empêcher d’accomplir leur mission de rapporteurs des faits, surtout dans un contexte aussi délicat que celui que traverse actuellement le pays », déclare l’organisation.
Elle rappelle que le rôle d’un organe de régulation comme le CSAC n’est pas de restreindre l’espace médiatique, mais de garantir l’équilibre, la transparence et le respect de l’éthique dans le traitement de l’information.
« La régulation ne peut avoir pour rôle d’embrigader les médias pour empêcher les journalistes d’être la conscience critique de leur temps en tant qu’historiens du présent », insiste l’UNPC.
L’organisation admet qu’en période de guerre ou de crise nationale, certaines restrictions peuvent s’avérer nécessaires. Mais elle prévient que ces limitations doivent être encadrées strictement par les principes de légalité, nécessité et proportionnalité.
Alors que l’Est du pays continue de faire face à des agressions armées et à une occupation partielle de son territoire, l’UNPC s’interroge.
« Pourquoi, dans un tel contexte, vouloir faire des journalistes les boucs émissaires, responsables de la crise actuelle ? Pourquoi les accuser d’être les fauteurs de troubles et les complices des souffrances des Congolais de l’Est », s’est-il interrogé.
Face à ce qu’elle qualifie de dérive autoritaire, l’Union appelle le CSAC à faire preuve de retenue et à revenir à sa mission première : garantir un environnement médiatique pluraliste et équilibré, sans ingérence politique.
Elle lance également un appel aux professionnels des médias.
« Plus que jamais, il est crucial que les journalistes congolais poursuivent leur travail avec rigueur et objectivité, en dépit des pressions qui peuvent surgir dans des périodes aussi difficiles », conclut l’UNPC.
Malgré les critiques, le président du CSAC, Christian Bosembe, persiste et signe. Il affirme que la décision ne viole aucune loi et se justifie par un souci d’apaisement du climat national. Une position qui continue de diviser l’opinion, dans un pays où la liberté de la presse reste un indicateur sensible de la vitalité démocratique.
Hugo Matadi