En séjour à Kinshasa, la sous-secrétaire d’Etat américaine par intérim, Victoria Nuland, a échangé jeudi avec le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et les délégués de la Mission d’observation électorale de la Conférence épiscopale nationale du Congo et de l’Eglise du Christ au Congo (MOE CENCO-ECC). Coulisses.
D’abord, la présence des délégués de la MOE CENCO-ECC à cette rencontre a été quelque peu forcée, à en croire notre source présente à cette réunion.
Représentée par Mgr Donatien Nshole, Eric Nsenga et Cyrille Ebotoko, la délégation de la mission d’observation de ces deux confessions religieuses a présenté, séance tenante, son mémorandum pour l’organisation d’un nouvel audit du fichier électoral.
Dans ce mémo, publié à la presse le vendredi 4 août, cette mission d’observation se propose de conduire un nouvel audit grâce à une méthode par échantillonnage nommée Sample Based Observation (SBO)..
« L’échantillon qui servira à cette activité devra être disponibilisée par les IT de la CENI en collaboration avec ceux de la MOE. Cet échantillon servira ainsi, dans une première phase, de vérification de terrain afin de se rassurer que les personnes se trouvant dans la base des données de la CENI sont celles retrouvées sur le terrain », peut-on lire dans le mémo.
« Dans une deuxième phase, la MOE ramènera du terrain un autre échantillon, cette fois, des personnes non reprises dans le premier échantillon pour une vérification dans la base des données de la CENI. ».
Problème : avant la rencontre de jeudi avec Victoria Nuland, la mission d’observation n’avait pas soumis ce mémo à la CENI. Le présenter pour la première fois devant la diplomate américaine n’a forcément pas plu à Denis Kadima qui y a vu une façon pour les catholiques et protestants de lui forcer la main.
De son côté, Victoria Nuland, à en croire notre source, n’a pas forcément été emballé par l’idée. « Elle a remis en question cette méthodologie et a semblé faire confiance au rapport de l’organisation américaine IFES [ Fondation internationale pour les systèmes électoraux, qui accompagne techniquement la CENI] plutôt favorable au dernier audit du fichier électoral », rapporte notre témoin.
Depuis 2006 et les premières élections pluralistes de la Troisième République, c’est l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui assure l’audit fichier électoral. Mais cette année, l’OIF s’est désisté évoquant un « délai court » proposé par la CENI. Et pourtant, selon un courrier consulté par INFOS.CD, c’est depuis le 9 février que Denis Kadima avait formulé la demande. Ce n’est que deux mois après qu’il a reçu la réponse de la directrice ai. de l’OIF, Léonie Guerlay, annonçant le déploiement d’une mission exploratoire du 24 au 28 avril. C’est se basant sur le rapport de cette mission exploratoire que Louise Mushikiwabo, dans un contexte de méfiance entre Kinshasa et Kigali, va décliner l’offre d’auditer le fichier.
Ensuite, la CENI a alors recruté cinq experts, après un appel à candidatures public, pour l’audit du fichier électoral réalisé en mai dernier.
Mais l’opposition n’a jamais été favorable à cet audit « des amis de Kadima « , demandant un autre. Ce qu’a été rejeté par la CENI, expliquant que les raisons avancées par les quatre opposants candidats déclarés à la présidentielle lors de leur rencontre le 30 juin à Fleuve Congo Hôtel avec Denis Kadima ne se basaient pas sur des éléments « logiques ».
Martin Fayulu, qui insiste sur la « transparence du fichier « , a quitté le processus, refusant de présenter de candidats de son parti aux prochaines élections.
La MOE CENCO-ECC qui motive sa proposition d’un nouvel audit par le souci de garantir des élections inclusives et « honnêtes », n’a décidément pas convaincu la diplomate américaine, encore moins Denis Kadima.
Socrate Nsimba