Le traité de Westphalie a clairement tracé les limites entre pouvoir politique et pouvoir religieux. Sans pourtant effacer l’influence de la religion sur la politique et inversement. À l’image du Président de la République, Félix Tshisekedi qui dédia la nation congolaise à Dieu au Stade des Martyrs dans un cadre assez chrétien, suscitant ainsi des polémiques sur la laïcité de la République démocratique du Congo.
Aussi, la présence constante de l’église catholique dans les affaires politiques du pays, lui valant de fois la caricature d’être un parti politique. Sans oublier le fait que le poste de président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est réservé aux confessions religieuses.
Ainsi, depuis toujours, politique et religion marchent clopin-clopan en RDC, chaque partie avec une emprise sur le peuple, les électeurs.
À l’approche des élections générales du 20 décembre 2023, l’église a joué, entre autres, le rôle d’une éclaireuse du futur. Décrivant avec exactitude près ce qui arrivera le 20 décembre et comment.
La prophétie
C’est devenu assez naturel que lorsque se rapprochent les élections, les instituts de sondage fassent des projections à partir d’un échantillon prélevé de la population totale. Mais en République démocratique du Congo, les électeurs ont eu droit également aux prédictions de quelques hommes de Dieu qui se sont livrés à des prophéties sur l’issue du processus électoral.
Parmi ces prédictions, trois ont alimenté particulièrement le débat public.
La première prophétie est celle faisant état d’un deuil national occasionné par la mort d’une personnalité politique congolaise de haut rang. En plus, la mise à l’écart d’un candidat président de la République alors qu’un autre candidat se retrouverait sur un fauteuil roulant. « Car c’est Dieu qui fait la sélection ».
En deuxième position, peut venir la prophétie d’un autre homme de Dieu, candidat président de la République de surcroît, qui a laissé entendre que sa candidature est une volonté de Dieu qui l’aurait envoyé gouverner la République démocratique du Congo. Ce dernier donc gagnerait l’élection présidentielle dès lors que Dieu l’aurait envoyé.
Enfin, pour ne parler que de ces trois prophéties, un autre homme de Dieu a prédit que la date du 20 décembre n’est pas inscrite dans le calendrier divin comme jour de la tenue des élections en RDC. Et selon ce dernier, il n’y aurait pas élections en RDC le 20 décembre.
L’échec de la prophétie
Le 13 juillet 2023, les services de sécurité annoncent avoir trouvé le corps sans vie et ensanglanté de l’ancien ministre des Transports et Voies de communication Chérubin Okende, enlevé la veille par des personnes non autrement identifiées. Il débutera alors des petites jubilations de quelques croyants qui voyaient dans cet assassinat le début de l’accomplissement de la prophétie.
À l’heure du dépôt des candidatures aux élections législatives, le leader de Lamuka Martin Fayulu laissera entendre que sa plateforme ne participera pas aux élections. À ce stade, l’accomplissement de la prophétie devenait imminent.
Seulement, il n’y a jamais eu de deuil national pour l’ancien ministre Chérubin Okende dont le corps demeure encore à la morgue. Les circonstances de son assassinat restent encore non élucidées.
Par ailleurs, Martin Fayulu a finalement rejoint le processus électoral, alors que Moïse Katumbi sur qui pesaient les risques d’invalidation de sa candidature sera finalement confirmé par la CENI et la Cour constitutionnelle. Aucun candidat président non plus ne finira sur un fauteuil roulant. Jusqu’à la proclamation du Président élu.
Ensuite, le candidat président, pasteur d’une église de renom à Kinshasa dont la candidature était présentée comme volonté divine, ne réussira même pas à atteindre 1% des votes.
Enfin, le 20 décembre, les élections générales auront lieu sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo, en dépit de quelques irrégularités constatées çà et là.
Dites-nous vénérable, qui a gagné ?
Dès la publication des résultats partiels de la présidentielle du 20 décembre 2023, Félix Tshisekedi arrive en tête. Et l’écart va croissant au fur et à mesure que la publication des résultats avance. Mais les irrégularités brandies par l’opposition et certains observateurs jettent le discrédit sur les résultats en cours de publication.
Nombreux restent suspendus aux rapports des observateurs mais surtout, du très célèbre duo CENCO-ECC qui a déployé 25 mille observateurs à travers la République pour rendre compte de ce qui est arrivé le 20 décembre 2023.
Le rapport de cette mission d’observation conjointe couché sur des dizaines de pages se résumera à une phrase : « un candidat est largement en tête ». Reprise en boucle comme un quitus placé sur les élections générales en République démocratique du Congo.
Ainsi, reste permanente l’influence de l’église dans la vie politique du Congo.
Archimède