A sept mois des scrutins, selon le calendrier de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le processus électoral est en butte à des contestations non moins sérieuses. Le défi de transparence du processus électoral, qui devrait constituer un élément de “soft power” du Congo démocratique face à l’autocratie du Rwanda de Paul Kagame, l’expose à une mise à ban de la fameuse “communauté internationale”. De quoi faire redouter une menace pour la consolidation de la stabilité du pays au cours de cinq prochaines années, soit la durée de tout un mandat du Président de la République.
Problème : l’audit du fichier électoral. Mieux : la durée de cet exercice crucial pour attester le niveau de crédibilité du fichier électoral d’un peu plus de 47 millions d’enrôlés sur 49 millions de personnes attendues par la CENI. Le Bureau de Denis Kadima, le réputé expert international, à la base de la Revue du cadre juridique et institutionnel des élections de 2018-2019 en RDC (2019), réalisée pour le compte de la Présidence de la République, ne prévoit que 6 (six) jours pour une si très rudissime pioche. De quoi intringuer. A l’extrême.
L’OIF de Louise Mushikiwabo n’aurait pas fait mieux que de refuser de faire le jeu. Preuve, si besoin est : « à malin, malin et demi», dira-t-on dans les sillages des initiés s’employant à voir derrière la montagne. A l’interne, le tandem CENCO – ECC, appuyé par les USA et l’UE, promet »
“la radicalisation du doute sur la sincérité du processus électoral”.
Faudrait-il espérer à une nouvelle alternance en 2024, à l’instar de 2019, pour voir tolérées les insuffissances de ce processus électoral? L’une des faiblesses majeures du Bureau Denis Kadima relève de limites organisationnelles et opérationnelles de sa communication, censée être persuasive car à fonder sur l’ouverture et la transparence.
Dès 2019, Félix Tshisekedi n’attend pas mieux qu’un second mandat. Ne pas l’obtenir à la régulière pourrait porter un coup dur à ses marges de gouvernance d’un Etat dont il n’aurait imaginé qu’une large part du territoire a littéralement touché le fond de l’abîme.
L’audit, externe de surcroît, est un des éléments manifestes du changement que devrait concrétiser la gouvernance Félix Tshisekedi en vertu de « Le peuple d’abord ». Que cet audit externe constitue la pierre d’achoppement de la transparence du processus électoral pourrait porter atteinte au discours de campagne du candidat Président sortant et de son « Union sacrée de la nation », tenus de montrer, au-déla de chaque mot, les indicateurs de rupture concrète d’avec le système Joseph Kabila.
Si, officiellement, le chef de l’État ne peut interférer dans l’organisation des joutes électorales pour interroger Denis Kadima sur les fondements et les conséquences de ses soi-disant dissimulations, il est un secret de polichinelle qu’il lui suffirait d’afficher à ce dernier une mine renfrognée pour l’appeler à l’extrême prudence, car surveillé au milimètre près par des mieux outillés. Ce dont son prédecesseur a fait la parfaite expérience.
Laisser-faire Denis Kadima, ce serait refuser (sciemment?) de voir ce processus électoral … au bord du précipice.
Tini Lembisa, PhD