Jamais, dans l’histoire politique récente de la RDC, un acteur politique, doublé de la qualité de candidat président de la République, n’a drainé autant de monde.
Toute la ville de Mbuji-Mayi est allé accueillir le candidat #20 mardi.
Une démonstration de force sans précédent qui pousse des observateurs à prédire une « légitimité incontestable » pour Félix Tshisekedi, accueilli telle une superstar au chef-lieu du Kasaï Oriental, qui a offert des scènes de liesse peu habituelles, dégagé une joie contagieuse et confessé la victoire du #20 au 20 décembre 2023.
Dans cette contrée, réputée bastion naturel du président Tshisekedi, le bain de foule, quoi qu’incommensurable, n’a pu dérouter la vision du fils du Sphynx de Limete de montrer aux Kasaïens, depuis Mbuji-Mayi, première étape de sa tournée électorale dans la région du Kasaï, une nouvelle voie menant à la richesse et à l’autonomie : l’agriculture.
« Il n’y a pas un travail qui dépasse l’agriculture. Chez nous au Kasaï, nous nous sommes beaucoup focalisés sur le diamant. Ce n’est pas mauvais, mais vous avez vu comment le diamant peut nous laisser pauvres… L’agriculture est perpétuelle. Je vous demande de vous y impliquer », a lancé Tshisekedi à la population de Mbuji-Mayi, massée en grand nombre pour témoigner un soutien infaillible à la candidature de l’ancien président de l’UDPS qui brigue un second mandat.
Ce dernier, au cours de son premier quinquennat, jugé « largement positif » par de nombreux Kasaïens interrogés dans la capitale du diamant, en foi de quoi ils ont affirmé de « voter le #20 », a balisé la voie de l’exploitation agricole en RDC, entre autres par la mise en œuvre du Fonds de garantie des entrepreneurs du Congo (FOGEC) qui permet aux jeunes entrepreneurs de trouver les financements auprès des banques afin de déployer leurs projets d’entreprise.
Voilà comment Félix Tshisekedi, en « visionnaire éclairé », a trouvé la recette pour détourner les Mbujimayiens de l’attention focalisée sur la MIBA dont la situation a toujours été suivie de très près par le gouvernement afin de favoriser sa relance.
En effet, Mbuji-Mayi, baptisée à juste titre capitale du diamant, abrite la Minière de Bakwanga (MIBA), active dans l’exploitation diamantaire. Cette société a jadis été l’un des fleurons de l’économie congolaise. Plombée par la mauvaise gestion, la vétusté de ses équipements, les détournements…, elle a fini par mettre les clés sous le paillasson en 2008 avant de reprendre timidement en 2011 avec 500.000 carats de diamant produits l’an contre environ 6 millions annuels en moyenne au début des années 2000. Pourtant, jusque dans les années 80, la MIBA faisait vivre 40.000 personnes, employé et familles.
Après le pillage dans les années 90 et la crise financière de 2008, l’espoir de redressement avait cédé place à l’exode rural des Kasaïens vers Kinshasa. Une nouvelle lueur d’espoir, la bonne cette fois-ci, est née avec l’avènement au pouvoir en 2019 de Félix Tshisekedi, décidé à relancer la MIBA.
Un an plus tard, il a ordonné de mener un audit qui a révélé « d’importants dysfonctionnements » au sein de cette entreprise publique. A la lumière des conclusions de cet audit, Tshisekedi n’a pas que sévi contre l’équipe dirigeante, limogée sans autre forme de procès. Il a aussi et surtout fait débloquer 5 millions de dollars, question de faire renaitre la MIBA de ses cendres, non sans impulser l’adoption, en janvier dernier, d’un plan de relance chiffré à 453 millions de dollars à exécuter en 5 ans, accompagné d’un plan d’investissement de 161 millions de dollars à exécuter en 3 ans.
En attendant une résurrection complète de cette entreprise publique, synonyme de plus d’emploi pour les Congolais, l’un des engagements phares du #20 pour son second mandat, Félix Tshisekedi a invité les Mbujimayiens à s’investir dans l’agriculture, présentant celle-ci comme la sommité de toute occupation professionnelle.
Laurent Omba