Le Prix Nobel de la paix a fait le diagnostic de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba ce 24 février, dix ans, jour pour jour, depuis sa signature par onze États africains.
« La RDC a failli à son engagement à mener des actions concrètes pour entamer une profonde réforme du secteur de la sécurité, incluant l’assainissement de la police, de l’armée et des services de renseignements, institutions qui demeurent infiltrées à tous les niveaux suite aux accords de paix précédents ayant intégré, en vertu du principe d’inclusivité, des éléments des groupes armés rebelles… », a déclaré Denis Mukwege de sa réflexion publiée ce vendredi à l’occasion du dixième anniversaire de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région.
Dix ans après, la crise sécuritaire continue dans l’Est de la RDC, avec actuellement la résurgence du M23, pourtant défait fin 2012.
Pour faire face à l’acteur crise, les autorités congolaises ont recouru aux Etats de l’Afrique de l’Est. Une mauvaise stratégie, selon le Prix Nobel de la Paix 2018.
« Nous avions averti en temps utile les instances nationales et internationales sur les dangers de cette stratégie de pyromane-pompier consistant à rechercher la stabilisation du pays avec le concours d’États déstabilisateurs. Pourtant, Kinshasa a poursuivi cette politique de l’externalisation de sa sécurité à des pays tiers bien plus motivés par des intérêts géostratégiques et économiques que par la protection des civils », souligne Denis Mukwege, qualifiant de « nouvelle force d’occupation », la Force régionale déployée par l’EAC.
Le gynécologue réitère également son opposition à l’état de siège, instauré depuis mai 2021 par le président Tshisekedi dans les provinces de l’Ituri et du Nord Kivu.
Pour lui, ce régime exceptionnel qui cède la gestion de la province aux militaires « n’a non seulement pas permis de neutraliser les capacités de nuisance des groupes armés – notamment les ADF, les CODECO et les FDLR -, mais a paradoxalement contribué à augmenter l’insécurité et à doubler le nombre d’exactions commises à l’encontre des civils. »
Socrate Nsimba