Arrivé à la tête de la République Démocratique du Congo à l’issue des élections organisées en 2018, le Président Félix Tshisekedi était considéré par les congolais comme le pilier du changement, le défenseur incontestable de l’État de droit et du social. D’où, au lendemain de son élection, son slogan « le peuple d’abord » était sur toutes les langues lors de ses différentes sorties politiques au Congo tout comme à l’étranger, une façon pour les congolais de lui rappeler la mission principale pour laquelle ils l’ont élu.
Cependant, plus le temps passe, plus le peuple se rend compte que la vision du Chef de l’Etat est avant tout étouffée par ceux-là en qui il place sa confiance, ceux de son premier cercle.
Je me justifie.
Le programme des 100 jours
Cette vision du Chef de l’État était très noble.
Il voulait, derrière ce programme, lancer un signal fort pour donner de l’espoir à son peuple.
Malheureusement, incompris par ses collaborateurs, ce programme a été tripoté au point que plusieurs d’entre eux en ont fait une occasion d’or pour se faire une première santé financière.
Si certains procès organisés dans le cadre de ce programme ont été salués, la vérité est que ce programme n’a pas atteint ses objectifs.
La rupture de la coalition FCC-CACH et l’avènement de l’Union Sacrée
Cette deuxième démarche était également saluée par les congolais qui voulaient voir le Président de la République se désolidariser de ceux qui étaient, à tort ou à raison, présentés comme source de blocage de sa vision. Mais la suite des événements nous prouve que le modus operandi appréhendé par ceux qui étaient censés accompagner le Président de la République dans cette démarche laisse à désirer.
Aujourd’hui, à cause d’une très mauvaise communication des uns et des autres, le Président de la République est présenté au peuple comme un corrupteur et non un sauveur.
Le dernier scandale en date est celui en rapport avec les jeeps importées pour les députés.
Plusieurs versions véhiculées autour de ce dossier se sont transformées en une très mauvaise campagne contre le régime.
Si l’idée initiale du Chef de l’État était d’avoir autour de lui des vrais nationalistes capables de l’aider à matérialiser sa vision, c’est plutôt le contraire qui se produit sur terrain.
En plus, l’Union sacrée, pour certains observateurs, devient un cadre de règlement de comptes et de déstabilisation des institutions.
Certains acteurs politiques en profitent pour renverser leurs adversaires politiques.
L’exemple expérimenté dans les provinces en est une preuve éloquente.
Si au Tanganyika, Zoe Kabila est tombé de manière irrégulière, sans être entendu par les élus provinciaux, au Lualaba, Fifi Masuka en a profité pour diaboliser, salir son titulaire Richard Muyej dont elle a toujours envié le poste afin d’obtenir l’intérim.
Les tensions communautaires sont palpables et risquent de plonger le Lualaba, poumon économique du pays, dans une situation de crise aux conséquences incalculables.
Par conséquent, les deux provinces, longtemps citées comme modèles de développement, patinent et ont disparu dans l’orbite des provinces pilotes.
C’est également le cas pour plusieurs autres provinces qui ont perdu leur élan de développement à cause de la guerre politique enclenchée par ceux qui se disent membres de l’Union Sacrée plus que les autres, une guerre qui, en réalité, est basée sur les positionnements politiques et non sur l’accompagnement et la matérialisation de la vision du Chef de l’État.
Dans cet imbroglio, le bilan du Chef de l’État reste mitigé et son électorat menacé pendant que 2023 approche à pas de géant.
D’où, il est plus que nécessaire pour le Chef de l’État de rétablir l’ordre institutionnel, de combattre les intentions individuelles de ses collaborateurs et à la limite, passer au peigne fin la liste de ces derniers. Sans cela, l’État de droit et le peuple d’abord resteront des slogans creux.
Aimé NTAMBUE