Alors que la République démocratique du Congo traverse une crise humanitaire d’une gravité exceptionnelle, marquée par la détresse de plus de 7 millions de déplacés internes, les priorités de ses dirigeants semblent ancrées ailleurs. Dans un contexte où des milliers de familles vivent dans des conditions inhumaines, privées de nourriture et d’abris dans les camps de déplacés de l’Est du pays, le gouvernement par la volonté du président Tshisekedi a décidé d’octroyer des véhicules neufs aux députés et sénateurs.
Cette mesure qualifiée de manque de « sobriété et d’éthique politiques », a suscité une vague d’indignation. Bienvenu Matumo, activiste du mouvement citoyen LUCHA, dénonce une initiative perçue comme une « séduction » et accuse Tshisekedi de détourner les ressources publiques à des fins politiques.
Cette dotation similaire à celle de 2021 et 2022 avec la remise de véhicules de marque Palisade, est un nouvel exemple des choix jugés inappropriés du chef de l’État. Selon Matumo, elle traduit une volonté d’acheter le soutien des élus à travers un système de corruption et de clientélisme, au mépris des souffrances de la population.
« Cette logique de Félix Tshisekedi est guidée par sa volonté de s’éterniser au pouvoir par ce registre de séduction, de corruption et de clientélisme vers les élites politiques corrompues institutionnelles (députés nationaux et sénateurs) », a-t-il écrit dans un message parvenu ce dimanche à Infos.cd.
Matumo pointe également une intention dissimulée du chef de l’État à garantir l’adhésion des élus en vue d’une modification constitutionnelle jetant les bases d’un hypothétique troisième mandat.
Pendant ce temps, l’Est du pays est ravagé par des conflits, avec des millions de déplacés vivant dans des camps où l’accès à l’eau, à la nourriture et à l’éducation est quasiment inexistant. Alors que la communauté internationale tente de combler les lacunes criantes dans l’assistance, les décisions des autorités nationales semblent déconnectées des réalités du terrain.
Bienvenu Matumo dénonce une « tactique insidieuse » de Félix Tshisekedi, qui témoigne d’un mépris manifeste pour les priorités urgentes du pays.
« Siphonner les ressources publiques pour assouvir ses désirs et sa boulimie de se maintenir au pouvoir à travers le changement de la constitution et du troisième mandat », estime-t-il.
Dans son plaidoyer, l’activiste interpelle la conscience politique des députés nationaux, les exhortant à refuser ce qu’il qualifie de « cadeau présidentiel piégé et dégoûtant ».
« Il est temps d’être du bon côté de l’histoire chers députés congolais. Le peuple vous observe et le monde nous regarde », déclare-t-il.
Samedi soir, au cours d’une rencontre avec les députés et sénateurs membres de l’Union sacrée, le président de la République a promis d’octroyer des véhicules aux élus nationaux. Il a justifié cette promesse en expliquant que ces dotations leurs permettraient de mieux s’occuper de leurs bases pendant les vacances parlementaires. Mais pour plusieurs, cet argument peine à convaincre face à l’urgence humanitaire et aux besoins vitaux ignorés.
Yvette Ditshima