La députée nationale Christelle Vuanga s’oppose fermement à la peine de mort, utilisée désormais comme sentence pour les bandits urbains communément appelé « Kuluna » à Kinshasa.
Lors de sa récente sortie médiatique sur le plateau de Politiquons RDC, l’élue de l’opposition estime que cette mesure « populiste » est inefficace pour lutter contre le banditisme et ne résout pas les problèmes de criminalité.
Selon la présidente du réseau parlementaire des abolitionnistes, « depuis 1960, toutes les mesures visant à éradiquer le banditisme par des actions répressives extrêmes se sont révélées infructueuses ». Elle cite notamment le cas du régime de Mobutu, qui a pendu des opposants dans une tentative de dissuasion.
« Cela n’a pas empêché à l’UDPS de créer la plus grande opposition, ni aux étudiants de faire la plus grande marche, ni des critiques des ONG vis-à-vis du pouvoir », a-t-elle rappelé.
Pour la députée, la criminalité ne disparaîtra pas avec la peine capitale. « Ni la présence ni l’absence de la peine de mort dans une législation pénale ne peuvent éliminer la banditisme ou la criminalité », affirme Vuanga. Elle appelle à des solutions qui s’attaquent aux causes profondes du banditisme, notamment la pauvreté, le chômage des parents et le manque d’éclairage public.
« On s’attaque aux symptômes au lieu de s’attaquer à la cause », a-t-elle déclaré.
Christelle Vuanga insiste que l’abolition de la peine de mort n’est pas dictée par une influence extérieure mais découle d’un choix humain universel. Elle évoque la Charte de Kurukan Fuga (ou Charte du Mandé) du XIIIe siècle, adoptée au Mali, qui proclame que « l’humain a droit à la vie ». Pour elle, cela démontre que le respect de la vie est une valeur enracinée dans les cultures africaines bien avant l’avènement des droits de l’Homme modernes.
Vuanga appelle le gouvernement à adopter des approches durables et inclusives pour résoudre les problèmes de criminalité, plutôt que de recourir à des mesures radicales.
« J’invite, à travers la Première ministre, à prendre cette question au sérieux, de ne pas banaliser à dire qu’on va tuer. Nous sommes des hommes politiques, appelés à réfléchir sur ce qui doit arriver demain. Il est temps de mettre en avant des politiques qui protègent la vie et offrent des opportunités aux jeunes, plutôt que de rester dans des déclarations », conclut-elle.
Yvette Ditshima