Ayant appelé au boycott des opérations d’enregistrement des électeurs, la famille politique de l’ancien président de la République tente le tout pour le tout pour obtenir table rase. Une bataille loin d’être gagnée.
L’on se rappelle tous de cette annonce d’Emmanuel Shadari, secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le 5 janvier après une réunion du bureau politique du parti :
« Nous irons à l’enrôlement lorsque la CENI sera consensuelle, la crédibilité des élections passe par une CENI consensuelle, toutes les parties prenantes doivent être représentés. »
Deux mois après, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déjà enregistré plus de la moitié des 50 millions d’électeurs attendus. Malgré quelques difficultés et irrégularités déplorées, les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs ont été clôturées le mois dernier dans la partie ouest du pays avec 99% de participants attendus. Ce sera le cas dans quelques jours au centre-sud du pays. Et le mois prochain dans la partie Nord-Est.
Pour le moment, la seule grande contrainte de la CENI, c’est une partie du Nord-Kivu occupée par les rebelles du M23 où les opérations n’ont pas démarré. Pour le reste, le train des élections semble avoir quitté la gare.
Le vendredi dernier, les cadres du FCC ont été en séance de travail chez Centre Carter, une organisation internationale spécialisée dans les questions électorales. Sur place, ils ont exigé la « suspension immédiate » du processus « totalement corrompu », réitérant leur appel pour le changement des animateurs à la CENI et à la Cour constitutionnelle, deux institutions du pays qui interviennent dans la décision électorale.
Cet appel sera-t-il entendu ? A neuf mois des élections, souscrire au desiderata de la famille politique de Joseph Kabila suppose mettre une croix sur la tenue des élections dans le délai constitutionnel. Mais aussi, reprendre une opération d’identification et enrôlement des électeurs qui ont coûté des centaines de millions de dollars au Trésor public.
Ne pas y souscrire voudrait simplement dire que Joseph Kabila et ses poulains se sont mis hors-jeu pour les prochaines élections. Entre-temps, le reste de l’opposition, malgré des critiques, a participé à l’enrôlement. Surtout que cet appel au boycott ne semble pas être suivi par la population, si l’on s’en tient aux assignations atteintes par la CENI dans la première aire opérationnelle concernant le nombre d’électeurs enregistrés.
Comme Étienne Tshisekedi et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) en 2006, Joseph Kabila et le FCC seraient les grands absents du prochain rendez-vous électoral.
Socrate Nsimba
Discussion à ce sujet post