Tout comme dans le football, le jeu politique, très particulièrement congolais, connaît ses périodes de grands transferts.
Après les élections générales du 20 décembre qui ont redistribué les cartes, le mercato est bien évidemment ouvert au pays de la « politique est dynamique », où les transhumants sont soit sollicités soit proposent eux-mêmes leurs services aux partis et regroupements bien positionnés au classement de distributions équitables et équilibrées des postes.
Que l’on quitte le FC Opposition Radicale pour rejoindre le FC Majorité Radicale, ce n’est pas une honte. Le plus important est de baigner là où coulent le lait et le miel.
Tout commence d’abord par la résiliation unilatérale de son contrat, avant de se choisir après son nouveau maillot politique.
Depuis les résultats annoncés de la présidentielle et des législatives, l’on a déjà vu un groupe de candidats malheureux aux législatives des partis Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, Envol de Delly Sesanga et LGD de Matata Ponyo annoncer, dans un communiqué conjoint, trouver désormais leur bonheur auprès du chef de l’État réélu. L’on vient de voir Abel Augustin Amundala, président de la Ligue des jeunes du parti de Katumbi, résilier aussi son contrat pour des « raisons de convenance personnelle». Pistis Mutemba, un jeune proche de Delly Sesanga et porte-parole adjoint de son parti Envol, s’est lui aussi envolé pour une destination qui sera bientôt connue.
Mais, attention ! Le Mercato politique a bien certaines particularités. Ici, il existe des transferts internes. Surtout au sein du FC Majorité Radicale. Pour maximiser ses chances d’entendre son nom dans des ordonnances lues à la télévision nationale, vaut mieux être dans l’équipe de base que dans celle des réservistes. Les récentes agitations au sein de l’Union sacrée avec la formation des plateformes au sein de la plateforme restent un cas d’école.
La trouvaille Pacte pour un Congo Retrouvé (PCR) signée par le coach Vital Kamerhe qui n’a jamais besoin de victoire (Primature ou présidence de l’Assemblée nationale), mais ne monte jamais un plan au hasard, n’a pas fini de faire parler et d’inspirer. Vital Kamerhe, le cousin-confident du chef, Tony Kanku, ainsi que Julien Paluku et Jean-Lucien Bussa, deux transfuges du FCC de Joseph Kabila, qui ont depuis réussi leur intégration au sein de l’Union sacrée, ne revendiquent pas 101 députés nationaux et 120 députés provinciaux pour rien. Voyons ! Ils réclament sûrement plus de temps des jeux dans les prochaines institutions. Ils sont juste très doués et expérimentés devant les caméras pour dire des mots que tout le monde veut entendre.
A malin, malin et demi ! Parmi eux, d’autres, qui sentent aussi bien le jeu, ont jugé bon de signer chez le plus gros. C’est le cas du parti Alliance des paysans, des ouvriers et de la classe moyenne pour un développement durable (APOCM) et ses treize députés qui quittent le regroupement politique Alliance des acteurs attachés au peuple (AAAP) pour rejoindre l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS et Alliés). De quoi dégonfler le costaud manager d’AAAP Tony Kanku, qui crie à la « trahison ». Dans ce monde politique qu’il intègre activement à peine, l’on appelle pas cela « trahison », mais « réalisme ».
Par ailleurs, ne nous trompons pas non plus. Bien qu’ils ne soient pas si nombreux, des transferts du FC Majorité Radicale à l’Opposition Radicale existent aussi dans le mercato politique. L’on peut évoquer celui de Jean-Marc Kabund en 2022. Ces transferts ont souvent un dénominateur commun : la frustration. L’on pourrait les revivre bientôt après la distribution des responsabilités au sein de l’Union sacrée. Tant, il est sûr que dans cette famille nombreuse et hétéroclite du chef de l’État, tout le monde ne sera pas servi. Et tout le monde n’acceptera pas non plus le banc de touche.
Socrate Nsimba