La nature a horreur du vide. Pareil, décidément, pour un jour du calendrier. Le 4 mars, le pugiliste Martin Bakole avait donné rendez-vous à tout un peuple, non sans exercer une vive pression sur la caisse de l’Etat. Et Nicolas Kazadi, surnommé pourtant « Monsieur le bloqueur » par ceux qui attendent désespérément de lui la précieuse signature, a fini par céder. En espèces, 100 mille dollars décaissés pour la préparation de Bakole. Au final : aucun combat. Ni face à l’Américain Michaël Hunter ni contre un autre challenger.
Mais ce jour-là, il était écrit que les Congolais ne vont pas s’ennuyer. En direct à la chaine nationale, ils ont assisté à un « combat » inattendu entre… Félix Tshisekedi et Emmanuel Macron. En jeu ? Un sujet vieux de quatre ans : « Le compromis à l’africaine ».
Ce coup de poing a été lancé par Jean-Yves le Drian, alors ministre français des Affaires étrangères en pleine contestation des résultats de la présidentielle du 31 décembre 2018 annoncés par la CENI de Corneille Nangaa. L’actuel locataire du Palais de la nation, heureux bénéficiaire de ce « compromis », l’a pris en pleine figure et n’a pas hésité de riposter, visant l’œil « paternaliste » de la France et de l’Occident. Question aussi de se faire respecter, une bonne fois pour toute.
Mais en face, Macron ne s’est pas laissé non plus malmener, lançant une gauche « liberté de la presse » et une droite « on connait le contexte ».
Qui a remporté ce combat ? Dans l’opinion congolaise, des points sont accordés selon qu’on est pro-pouvoir ou pro-opposition.
Et si l’on était, une fois de plus, face à un autre combat imaginaire ? Le véritable combat qu’attendent les Congolais, n’est-ce pas celui qui doit d’abord être livré localement contre des adversaires redoutables que sont la corruption, la fraude, l’injustice, la mégestion … ? Sur des questions électorales tout comme celles de la recherche d’une paix durable dans l’Est du pays, assez d’éléments montrent aujourd’hui clairement que la solution ne viendra ni de l’Orient ni de l’Occident. Emmanuel Macron l’a rappelé dans des termes effectivement crus et interpellateurs.
Le bout du tunnel dépend d’un sursaut patriotique, d’une rupture radicale avec le passé. Cela commence par reconnaître sa grande part de responsabilité, un peu l’équivalent de ces quatre doigts tournés vers soi lorsqu’on pointe du doigt l’autre. De bonnes élections dépend quatre fois sur cinq des Congolais. De même qu’une armée forte, bien formée et bien équipée. C’est alors que ce grand Congo récupérera sa ceinture d’une nation véritablement souveraine.
Socrate Nsimba