Six jours seulement après avoir été incarcéré, l’ancien conseiller de Félix Tshisekedi a été remis en liberté. De lourdes charges pèsent néanmoins contre lui.
Six jours seulement après avoir été incarcéré à la prison centrale de Makala, Vidiye Tshimanga a été libéré, ce mardi 27 septembre.
« Notre client a bénéficié d’une décision de mainlevée de sa détention par le parquet général », explique à Jeune Afrique l’un des avocats de l’ancien conseiller stratégique de Félix Tshisekedi. Une décision qui n’a pas manqué de surprendre : vendredi dernier, la chambre du conseil du tribunal de paix de Kinshasa-Gombe avait décidé de le maintenir en détention pour une durée de quinze jours. Ses avocats avaient immédiatement fait appel.
Selon les informations de Jeune Afrique, au terme d’une longue audition, au moins cinq charges ont été retenues contre Vidiye Tshimanga : corruption, trafic d’influence, offense au chef de l’État, financement du terrorisme et blanchiment de capitaux. « Mais le mandat d’arrêt provisoire émis ensuite ne reprend que les trois premières charges », précise l’un de ses conseils.
« Partie émergée de l’iceberg »
Alors que certaines des charges sont extrêmement lourdes, la libération provisoire de l’ancien conseiller suscite interrogations et craintes.
« Nous savons comment cela se passe lorsqu’il s’agit de proches de Félix Tshisekedi, il y a une sorte d’impunité », regrette une source judiciaire. D’autant que « l’affaire Vidiye Tshimanga est juste la partie émergée de l’iceberg de ce qu’il se passe dans l’entourage du président », abonde un membre du mouvement citoyen Lucha, plusieurs scandales financiers ayant déjà éclaboussé des proches du chef de l’État.
Conseiller spécial du président chargé des questions stratégiques jusqu’à sa démission forcée, Vidiye Tshimanga s’est retrouvé au cœur d’un scandale mi-septembre, lorsque le journal suisse Le Temps a publié plusieurs vidéos dans lesquelles il négocie de l’argent auprès de pseudo-investisseurs.
« Vous allez investir vos 200 millions. Vos 200 millions sont à vous. Vous devez faire du profit. Nous allons partager les parts de la société. Pas pour mes beaux yeux, mais parce que je vous apporte de la sécurité », l’entend-on dire, attablé dans un restaurant londonien avec de mystérieux investisseurs.
Vidiye Tshimanga ne sait pas qu’il est piégé. « Si nous faisons des affaires ensemble, je prends mon pourcentage de l’investissement et je gagnerai de l’argent en travaillant », affirme-t-il encore.
Il insiste également sur sa proximité avec Félix Tshisekedi et son épouse. « Le président c’est moi. Si je demande quelque chose [au chef de l’État], il donne. Sa femme est une amie de ma femme. »
Des propos qui, selon lui, « ont été sortis de leur contexte ».
Stanis Bujakera, Jeune Afrique