Samedi 29 avril. Le stade des Martyrs de la Pentecôte fera fortement parler de lui. Non pas parce qu’il aura été homologué par la CAF. Plutôt puisqu’il aura servi de cadre à la sortie officielle de l’Union sacrée de la nation, plateforme politique de soutien à la candidature de Félix Tshisekedi à la prochaine présidentielle.
Ce qui s’annonce comme une démonstration de force populaire de cette méga-structure politique est non sans rappeler les pratiques spectaculaires sous Joseph Kabila. Tant à l’ère de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) qu’à celle de la Majorité présidentielle (MP).
Au-déla, il y a lieu de creuser pour ressortir la substance de l’USN dont la stratégie du 29 avril portée sur du tintamarre qui détournerait l’attention du public sur des sujets sociétaux de fond : baisse du pouvoir d’achat, bilan très mitigé de l’état de siège, impasse sur le dossier M23 et la force régionale de l’EAC, mauvaise gouvernance, etc.
Cette stratégie, à l’opposée de celle d’une frange de l’opposition politique projettant une marche le 13 mai, ne signifie absolument pas que le discours de cette dernière serait infondé. Reste à savoir en quoi, de l’avis de l’USN, ce discours serait incomplet pour justifier des sommes colossales en dollars américains pour le rendez-vous du 29 avril alors qu’à l’Est du pays, le HCR ne cache pas ses limites opératoires en faveur des déplacés internes congolais faute de moyens financiers. Est-ce à dire que les membres de l’USN préféreraient, sans vergogne, sabler du champagne à ciel ouvert au mépris des millions des Congolais vivant au ralenti ? Certainement, non. Même si ça pourrait ainsi être vu ci et là.
Par ailleurs, à l’analyse du contenu de la charte de l’USN, il apparait on ne peut plus clairement qu’il s’agirait d’une machine infernale montée, deux ans durant, à la taille de l’ambition de réélection de sa “haute autorité politique”, Félix Tshisekedi, aux pouvoirs sans partage au sein de cette plateforme. En effet, c’est elle, la haute autorité politique, qui convoque et préside les sessions des trois autres organes ou en délègue explicitement à un tiers le pouvoir de conduire les travaux du Congrès, du Présidium et de la Conférence des présidents. Une concentration à outrance des pouvoirs entre les mains d’une seule personne attestant le déni de démocratie, ni même en apparence, dans cette plateforme qui affûte ses armes pour les scrutins du 20 décembre 2023 censés servir à la consolidation de la démocratie congolaise.
L’USN ferait ainsi redouter la reviviscence du Mouvement populaire de la révolution (MPR) dont l’UDPS est réputée être la première opposante. Ceci prouve que la perception du pouvoir et sa pratique ne font pas toujours bon ménage. Hier dans l’opposition, l’UDPS a séduit plus d’un par un discours qu’elle a la responsabilité, aujourd’hui au pouvoir avec ses alliés, de mettre en œuvre. Une des tentations à éviter à sa haute autorité politique est le risque de débordement du pouvoir. Comme le conseille Montesquieu dans son oeuvre “De l’Esprit des lois”.
Lembisa Tini (PhD)