Julien Paluku, ancien gouverneur du Nord-Kivu et actuel ministre du Commerce extérieur, a apporté son soutien à l’idée d’une 4ème République en République démocratique du Congo. Dans une analyse politologique parvenue à Infos.cd, il appelle à une réforme profonde du système de gouvernance du pays, estimant que les trois premières républiques n’ont pas réussi à résoudre les nombreux défis auxquels la RDC est confrontée.
Doctorant en sciences politiques et président du parti Bloc Uni pour la Renaissance et l’Émergence du Congo (BUREC), Julien Paluku s’appuie sur son expérience de 12 ans en tant que gouverneur pour proposer une nouvelle approche. Selon lui, ni l’État centralisé ni l’État décentralisé n’ont apporté les solutions nécessaires.
« Le pays navigue entre tâtonnement, pauvreté et immobilisme, 64 ans après l’indépendance », a-t-il déclaré.
Julien Paluku estime qu’il est temps d’expérimenter de nouveaux mécanismes de gouvernance, notamment le fédéralisme, qu’il considère comme une option viable pour une RDC plus efficace et mieux structurée.
En prenant l’exemple de son expérience au Nord-Kivu, une province qu’il décrit comme ayant une superficie équivalente à celle du Rwanda et du Burundi réunis, Paluku argue que.
« L’expérience des États-Unis avec les États fédérés pourrait l’expérience nouvelle de ce que j’appelle vivement la 4ème République », a-t-il avancé.
Selon lui, la RDC doit tirer des leçons des échecs des systèmes précédents et envisager une gouvernance fédérale, adaptée aux spécificités du pays. Il met en avant les dimensions des anciennes provinces comme des entités comparables à des nations européennes, ce qui renforce la pertinence d’une organisation fédérale.
Pour Julien Paluku, la refonte constitutionnelle ne peut se faire sans un débat inclusif impliquant des acteurs expérimentés. Il propose la convocation, dès janvier 2025, d’une table de réflexion qui réunirait les anciens gouverneurs, les anciens présidents des assemblées provinciales, anciens premiers ministres et chefs de gouvernement, anciens présidents des chambres parlementaires, et d’autres personnalités ayant exercé des fonctions d’État à des niveaux stratégiques.
Il insiste sur la nécessité de mobiliser des personnalités ayant une réelle expérience de la gestion de l’État, affirmant.
« Si on doit rassembler des néophytes qui n’ont jamais exercé le pouvoir d’État, ils vont se retrouver dans une sorte d’élucubrations conceptuelles, nous risquons de produire un texte inadapté aux réalités congolaises », a-t-il poursuivi.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique voulue par le Président Félix Tshisekedi, qui a récemment évoqué la nécessité d’une commission pour réfléchir aux bases d’une nouvelle République. Julien Paluku soutient que cette 4ème République doit être fondée sur des textes capables de répondre aux besoins actuels de la population et aux ambitions du pays.
Enfin, il lance un appel à l’intelligence collective des Congolais.
« Il ne faudrait pas que nous, Congolais du 21ème siècle, soyons privés du droit de réfléchir sur les textes fondateurs de la République que nous voulons. Ceux qui ont réfléchi avant nous ne sont pas plus intelligents que nous », a-t-il déclaré.
Fidèle Kitsa