Le jeu de ping-pong continue entre Corneille Nangaa et Denis Kadima, respectivement ancien et actuel président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Après la musclée réplique de Didi Manara, 2e vice-président de la centrale électorale, à la sortie médiatique de Nangaa, un cadre du politique, ADCP, de l’ancien président de la CENI, Me Hervé Kitebele, réagit.
« Le président Corneille Nangaa a fait une sortie médiatique en tant qu’acteur politique. De ce fait, en tant que partie prenante à part entière du processus électoral en cours. A ce titre, il a relevé des questions de fond sur le bon déroulement de ce processus. Nous sommes d’avis qu’il n’appartenait pas à la CENI de réagir de façon émotionnelle par le canal d’une personne qui représente le péché incarné », a relevé Me Kitebele ce mercredi au cours d’un entretien avec la presse.
Et d’enchaîner :
« Cette sortie médiatique ratée de la CENI, organisée par le truchement de son 2e vice-président, entache aujourd’hui l’action de la CENI et porte atteinte à l’impartialité, à l’indépendance mais aussi et surtout au professionnalisme de la CENI ».
Mardi à Kinshasa, Didi Manara a soutenu que Corneille Nangaa ne peut pas s’ériger en donneur de leçons ni se comparer à son successeur, Denis Kadima. Il a même remis en cause la qualité d’expert électoral de l’ancien président de la CENI.
« La comparaison qu’il aurait essayé de faire entre les deux personnalités n’a pas sa raison d’être, parce que l’un (Kadima) est expert en observation électorale de par son organisation d’origine et l’autre (Nangaa) est expert en opérations électorales. Il est dans le circuit électoral depuis 2005 », a réagi Me Kitebele, brandissant notamment l’exemple de la qualité de la carte d’électeur pour départager les deux personnalités.
« Celle produite par l’équipe Kadima est décriée par tout le peuple », a-t-il dit.
« Plusieurs acteurs de la vie politique et sociale ne sont pas d’accord avec l’actuelle équipe dirigeante de la CENI », avait avancé Nangaa.
De quoi sortir Didi Manara de ses gonds et laisser entendre que Corneille Nangaa a été désigné président de la CENI « dans un contexte d’opacité totale sans confrontation ni débat ».
Ce que Me Hervé Kitebele a contesté, avant, lui aussi, de remettre en cause la nomination de Didi Manara en tant que 2e vice-président de l’institution électorale.
« Est-ce qu’aujourd’hui M. Manara est capable de nous dire comment il a parachuté à la CENI ? Didi Manara est mal placé pour nous répondre. C’est par lui que ce péché originel est passé », a-t-il soutenu, rappelant dans la foulée que Manara « a été chassé comme une brebis galeuse au sein de son parti politique ».
« Nous estimons que cette CENI, transformée en tribune par M. Didi Manara pour venir déverser sa haine, ne donne pas de bons augures. L’ADCP se réserve le droit de demander sa déchéance pour indignité », a dit ce cadre du parti de Nangaa.
Par ailleurs, concernant les arriérés de salaire et de loyer laissés par l’ancien président de la CENI, Me Kitebele n’a pas contesté. Il a plutôt expliqué :
« C’est monnaie courante en RDC. La CENI n’est pas la seule institution où il y a des arriérés de salaire. D’ailleurs, l’équipe sortante de Nangaa en est aussi victime. M. Kadima a dit que le dernier décaissement qu’il a eu, date de septembre 2022. Là aussi il y a des impaiements ».
Corneille Nangaa, après avoir été président de la CENI et organisé le processus électoral partiellement achevé en 2018, s’est mué en acteur politique. Il a créé son parti politique, ADCP, et s’est déclaré candidat à la présidentielle de 2023 que doit organiser le nouveau président de la CENI, Denis Kadima.
Laurent Omba
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