L’Inspection générale des finances (IGF) révèle des « irrégularités » qui « entachent» le contrat de production des cartes d’identité nationale, conclu entre l’Etat congolais, via l’Office national d’identification de la population (ONIP), et la société Afritech-Idemia.
Ces révélations, contenues dans une note d’observation du 7 juin dernier adressée au vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, rapportent que la société Afritech-Idemia « ne dispose pas de ressources pour financer sa participation ».
En effet, explique ce service de la présidence de la République, le contrat sur la production des cartes d’identité nationale a été négocié à hauteur de 697 millions de dollars, dont 104 millions devraient provenir de l’Etat congolais et 593 millions d’Afritech-Idemia.
Alors que la partie congolaise a déjà mis en jeu 20 millions de dollars, cette entreprise a glissé, dans le contrat, une disposition qui rend l’opération « illégale » voire « impossible ».
« Le contrat prévoit que l’Etat congolais fournisse à ce groupement (Afritech-Idemia) une garantie devant lui permettre de lever les fonds auprès des banques commerciales. Ladite garantie portera sur la séquestration des avoirs de la Banque centrale du Congo par la banque commerciale prêteuse », a révélé l’IGF, par ailleurs remontée contre la « surfacturation » qui caractérise ce contrat.
Le service dirigé par Jules Alingete pointe particulièrement du doigt « la construction des infrastructures immobilières du projet évaluées à 444 millions de dollars ».
En outre, le mode de partage des gains qui seront générés par ce contrat fâche l’IGF. En 20 ans, a-t-elle fait savoir, 2 milliards de dollars seront générés. La RDC n’aura droit qu’à 20% de cette somme contre 60% pour Afritech-Idemia malgré la « nullité (de son) apport ».
Pour rembourser la dette, à contracter auprès d’une banque commerciale sur base de la garantie de l’Etat, c’est une partie des bénéfices (20%) qui devra être utilisée.
Autrement, Afritech-Idemia va empocher 60% du butin sans avoir rien apporté financièrement.
Le comble des révélations faites par l’IGf se rapporte à « l’usurpation » du nom d’une société française spécialisée dans la production des cartes d’identité, dénommée Idemia.
Contrairement à ce qu’a affirmé Afritech-Idemia, cette firme française, contactée par l’IGF, a dit ne pas être liée à un quelconque projet de production des cartes d’identité en RDC. Mais que Afritech-Idemia est « un client qui pourra s’approvisionner auprès d’elle en équipements ».
Ces « magouilles » assènent malheureusement un coup d’arrêt au projet de doter les Congolais d’une carte d’identité après des décennies, une des promesses phares de Félix Tshisekedi. L’IGF attend du VPM de l’Intérieur, tutelle de l’ONIP, des « réponses satisfaisantes à ces observations ». Celles-ci se posent en « préalables pour la poursuite du projet ».
Infos.cd