Le gouvernement congolais veut faire de la langue des signes la 5e langue nationale aux côtés du lingala, du swahili, du kikongo et du tshiluba. Ce, dans le souci de se conformer à une disposition de la Loi organique portant protection et promotion des droits de la personne avec handicap, adoptée en 2022.
La ministre déléguée en charge des personnes vivant avec handicap et autres personnes vulnérables, Irène Esambo, a redit cette volonté du gouvernement congolais au cours du briefing presse tenu le mercredi dernier aux côtés de son collègue de Communication et Médias, Patrick Muyaya.
Pour arriver à cette reconnaissance d’une cinquième langue nationale en RDC, le gouvernement a initié le « processus », à en croire la ministre Esambo afin d’ « harmoniser les symboles » de cet outil de communication.
« Devenir une cinquième langue nationale demande vraiment qu’on puisse justifier et avoir des supports utilisables tant dans l’éducation, la justice ou la santé », a expliqué la ministre en charge des PVH.
Le point 5 de la Loi organique promulguée mais 2022 recommande la mise en place des dispositifs qui favorisent l’accès de la personne avec handicap aux services destinés au public.
« Cet accès est assuré notamment par la construction obligatoire de rampes et d’autres aménagements raisonnables, la production des documents sonores ou en braille, l’usage du langage simplifié et la reconnaissance du langage des signes comme une langue nationale », stipule la disposition.
Pour respecter cette recommandation, le gouvernement a confectionné un dictionnaire en langue des signes afin de permettre que celle-ci soit étudiée. Le « premier dictionnaire de la langue des signes congolaises » a le mérite, selon la ministre Esambo, de standardiser l’usage des signes et symboles alors que par le passé, certains symboles utilisés à Kinsahsa n’étaient pas compris dans l’Est ou au centre du pays.
Ce document, présenté le 4 novembre dernier au Président de la République pour vernissage, est « un support qui va accompagner l’inclusion des personnes avec handicap, particulièrement les personnes sourdes » et devra, dans un premier temps être d’usage dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la justice.
« Nous avons travaillé pendant deux ans avec les experts, les personnes sourdes et leurs interprètes pour harmoniser ces symboles, tout en s’appuyant sur les principes universels. Nous allons former des experts qui vont par la suite être des canaux de communication entre les personnes sourdes et les acteurs de ces 3 secteurs », a-t-elle rassuré.
A la présentation de ce dictionnaire il y a deux semaines, la ministre Esambo avait rappelé que les PVH constituent 13% de la population générale. Cependant, l’adoption d’une cinquième langue nationale passe par une révision constitutionnelle alors que l’article 1er de la Constitution ne reconnait que le kikongo, le lingala, le swahili et le tshiluba comme langues nationales.
Yvette Ditshima