Le ministre d’État chargé de l’Agriculture Grégoire Mutshail, a dévoilé mardi lors d’un briefing presse, les grandes lignes des réformes prévues pour revitaliser le secteur agricole en République démocratique du Congo dès 2025. A travers un ensemble de mesures axées sur la mécanisation, la distribution de semences et le renforcement des capacités des producteurs, l’objectif affiché est de transformer profondément le secteur agricole, pilier essentiel pour nourrir la population et stimuler l’économie nationale.
Lors d’une intervention devant la presse, Grégoire Mutshail a souligné la nécessité de moderniser et professionnaliser le ministère de l’Agriculture. Pour le ministre, l’enjeu est de taille : assurer la sécurité alimentaire d’un pays dont le secteur agricole peine à répondre aux besoins croissants sur la population.
« Le ministère a besoin d’être professionnalisé pour mieux encadrer les producteurs. Nous avons balisé les choses, en identifiant les problèmes de fond qui bloquent le développement agricole depuis 1960 », a-t-il déclaré.
Lancée en octobre, la campagne agricole 2024-2025 a déjà permis de mettre en culture près de 250.000 hectares et de distribuer des semences à travers l’ensemble du territoire national.
« Nous avons apporté un appui aux petits producteurs de manioc, de maïs et de riz dans toutes les provinces, ce qui est une première pour ce ministère », a expliqué le ministère.
Pour aller plus loin, le budget alloué à l’agriculture augmentera significativement en 2025, atteignant 11% des dépenses publiques, conformément aux engagements pris par le président de la République.
Mécanisation : plus de 1000 tracteurs en 2025
L’un des points phares des réformes envisagées concerne la mécanisation de l’agriculture pour réduire la dépendance aux outils traditionnels. Grégoire Mutshail a révélé que 260.000 houes ont été distribuées pour soutenir les femmes agricultrices. Toutefois, il a souligné l’urgence de fournir des équipements modernes pour réduire la pénibilité du travail.
« Nous mettrons à disposition 1062 tracteurs d’ici mars 2025, avec un objectif immédiat de déployer cinq tracteurs par territoire. Cela permettra de diminuer les charges physiques qui pèsent sur nos agriculteurs notamment les femmes », a-t-il précisé
Des commissions locales, impliquant notamment les gouverneurs, les coopératives agricoles et la Fédération des entreprises du Congo ( FEC), seront chargées de superviser la distribution des tracteurs et des semences.
Ces annonces s’inscrivent dans la continuité des engagements pris par le président Tshisekedi lors de son discours sur l’état de la Nation. En augmentant le financement du secteur agricole et en s’attaquant à ses faiblesses structurelles, le gouvernement espère relancer une activité essentielle pour l’économie congolaise.
« Notre agriculture est encore au bas de l’échelle, mais nous avons pris les mesures nécessaires pour changer cela rapidement. Avec ces réformes, nous pourrons nourrir notre population et réduire notre dépendance aux importations », a rassuré le ministre de l’Agriculture.
Malgré ces ambitions, le ministre a reconnu que des obstacles majeurs persistent, notamment dans l’encadrement des producteurs et la gestion efficace des ressources. Pour y remédier, il a insisté sur la nécessité d’un travail collaboratif entre le gouvernement central, les autorités locales et les acteurs du secteur privé.
« Si nous encadrons bien les producteurs et si chacun joue son rôle, nous sommes confiants quant à l’avenir de l’agriculture congolaise », a-t-il conclu.
Yvette Ditshima