2 juin 1966 – 2 juin 2023. Jour pour jour, il y a 57 ans, quatre personnalités politiques étaient pendues à Kinshasa, à l’actuel emplacement du stade des Martyrs, pour « tentative de coup d’État » contre le nouveau régime de Mobutu.
C’était « une journée d’effroi qui va frapper les esprits et pétrifier les cœurs. Une journée lugubre où la peur s’emparera du Congo, et s’y installera pour longtemps ». Dans son livre sur le maréchal Mobutu, Jean-Pierre Langellier, résume si bien les vraies motivations du pouvoir de l’époque derrière l’exécution, devant plus de 30 mille spectateurs, de quatre acteurs politiques, non de moindre, de l’époque.
Le sort d’Evariste Kimba, ancien Premier ministre; d’Emmanuel Bamba, ministre des Finances et de la Fonction publique; d’Alexandre Mahamba, ancien ministre des Affaires foncières et de Jérôme Anany, ancien ministre de la Défense nationale, était scellé depuis la fameuse nuit de la Pentecôte, du 29 mai 1966. Cette nuit là, ils sont arrêtés dans une villa à Ma Campagne, piégés par six officiers ayant vendu la mèche d’un supposé plan pour faire partir Joseph Mobutu qui s’est emparé du pouvoir six mois auparavant après un coup d’État.
« Cette nuit, un complot dirigé contre ma personne et le nouveau régime a été ourdi par quelques politiciens irresponsables… », annonce au matin du 30 mai à la radio nationale, dans un ton grave, le nouvel homme fort du Congo. Le temps de finir son message à la nation, il crée, par ordonnance-loi, un tribunal militaire militaire d’exception qui va vite tabler sur l’affaire.
Le lendemain, dans une audience foraine expeditive devant plus de 20 mille personnes au camp Kokolo, les quatre « conjurés de la Pentecôte » seront condamnés à mort.
« Education préventive »
Quelques jours après leur exécution, Etienne Tshisekedi, alors ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières de Mobutu, va justifier devant un journaliste belge, la décision de la pendaison publique de ces 4 personnalités. Il emploiera le terme « éducation préventive » pour dissuader les prochains.
LES CONJURÉS DE LA PENTECÔTE
Joseph Désiré Mobutu venait de prendre le pouvoir depuis 6 mois. 4 politiciens sont arrêtés le 29 lai, puis condamnés le 31 mai à la peine de mort.
En dépit de toutes les interventions venant de diverses et importantes personnalités de l’époque, ces… pic.twitter.com/fx87vaqX9l
— Benjamin Babunga Watuna (@benbabunga) June 1, 2023
« Il fallait un exemple… L’autorité du chef est sacrée [chez nous les bantous », déclarera, à son tour, Mobutu devant la presse internationale.
Celui qui a régné par la terreur sur l’ex-Zaïre durant 32 ans, aura obtenu l’effet escompté.
La Rédaction