Le bras de fer entre les magistrats et le ministre d’État chargé de la Justice, Constant Mutamba, n’est pas près de s’arrêter.
Le 21 septembre, ce dernier a fait libérer 648 prisonniers dans le cadre de la politique de désengorgement de la prison centrale de Makala.
Et cette décision n’est pas tout du goût du procureur général près la Cour de cassation. Dans une correspondance adressée le 11 octobre aux procureurs généraux près les Cours d’appels de la Gombe et de Matete, Firmin Mvonde Mambu qualifie tout bonnement ces bénéficiaires de cette liberté conditionnelle d’« évadés » ayant « quitté la prison en dehors de tout critère légal ».
Pour lui, cela est à la base, depuis près de trois semaines, de la recrudescence des cas d’extorsion, de vol qualifié par effraction ou à l’aide des violences voire à mains armées et d’attentat à la vie humaine, dans la ville de Kinshasa.
« Je vous instruis d’activer tous les mécanismes de droit pour rechercher activement ces malfrats, les arrêter et les traduire devant les juridictions compétentes afin qu’ils répondent de leurs forfaitures », recommande Firmin Mvonde, tel un défi lancé, sans le citer, au ministre de la Justice.
Ce dernier n’a pas manqué de réagir. Sur X ce dimanche 13 octobre, Constant Mutamba signe et persiste :
« Les désengorgements des prisons, amorcés dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’actions du gouvernement Suminwa, sur instructions du Magistrat Suprême, sont légaux et réguliers. »
Le ministre a indiqué que les listes des prisonniers libérés lui ont été proposées par les commissions constituées des magistrats et agents pénitentiaires, « conformément à la nouvelle loi pénitentiaire».
« Rien n’arrêtera cet engagement ferme du gouvernement à humaniser nos prisons et cachots, et à veiller à la régularisation des emprisonnements. Le salut du peuple est la loi suprême », réplique Constant Mutamba qui a libéré le 7 octobre dernier 270 détenus à la prison de Kasapa, à Lubumbashi.
#RDC Les désengorgements des prisons, amorcés dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d'Actions du Gouvernement Suminwa, sur instructions du Magistrat Suprême, sont légaux et réguliers.
Ce sont les commissions constituées des Magistrats et agents pénitentiaires qui…— Constant Mutamba (@ConstantMutamba) October 13, 2024
Qui, entre les magistrats et le ministre aura le dernier mot dans ce feuilleton ? Affaire à suivre.
Infos.cd