Dans une déclaration, le 3 août sur la justice transitionnelle, le Prix Nobel de la paix a vivement critiqué le président Félix Tshisekedi qui, selon lui, « n’apparaît pas sensible au respect du principe de cohérence » quant à sa déclaration de ne plus accorder des primes à la guerre aux auteurs des violations des droits de l’homme dans l’est du pays.
Le chef de l’État congolais a officiellement consacré la date du 2 août la journée commémorative du génocide congolais.
« Les vieilles recettes – lois d’amnistie ou intégration au sein des administrations publiques – consacrant l’impunité sont à oublier », avait déclaré mercredi dernier Félix Tshisekedi encourageant le Parlement congolais « à prendre des lois visant à écarter les auteurs de crimes de l’accès aux responsabilités ».
Mais pour Denis Mukwege, le premier citoyen du pays manque de « cohérence » dans sa volonté exprimée.
« Le président n’apparaît pas sensible au respect du principe de cohérence, lui qui a, entre autres, profité du dernier remaniement du gouvernement en mars 2023 pour nommer 2 ex-chefs de guerre au rang de ministre et Vice-Premier Ministre, après avoir désigné, deux ans plus tôt, soit le 7 août 2021, un ancien cadre du Rassemblement Congolais pour la Démocratie et chef d’une milice, l’Alliance de Libération de l’Est du Congo (ALEC) proche du M23 et du Rwanda, au poste de coordinateur national du Programme National de Démobilisation, Désarmement, Relèvement communautaire et Stabilisation (PDDRC-SS) », rappelle-t-il.
Denis Mukwege fait ainsi notamment allusion à Antipas Mbusa Nyamwisi et Jean-Pierre Bemba. Le premier a été nommé ministre d’Etat chargé de l’Intégration régionale. Le seconde, vice-Premier ministre, chargé de la Défense nationale dans le gouvernement Sama II.
Pour Mukwege, en accordant des promotions à ceux qui devraient répondre de leurs actes devant la justice nationale et internationale, le Chef de l’État ne semble pas « saisir l’importance d’intégrer les réformes institutionnelles dans la mise en œuvre d’une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle, alors que le lien le plus manifeste entre la justice transitionnelle et la réforme des institutions consiste précisément dans la mise en place d’une procédure d’assainissement (vetting) des agents de l’Etat. »
Socrate Nsimba