Depuis l’avènement de la 3ème république, jamais un Cardinal de l’église catholique romaine n’a fait objet d’une invitation, convocation ou information judiciaire.
Ce week-end, le Procureur général près la Cour de cassation a ordonné l’ouverture d’une information judiciaire à charge de l’archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo.
Firmin Mvonde accuse le prélat catholique de « [violenter] délibérément les consciences et trouver un plaisir, à travers ses faux bruits et autres incitations, à pousser des populations à la révolte contre les institutions établies et aux attentats contre les vies humaines».
Ce que dit la loi
Au regard de la Constitution, tous les Congolais sont égaux devant la loi et sont justiciables devant les cours et tribunaux du pays. A ce titre, Fridolin Ambongo est bien passible des poursuites, la loi étant impersonnelle.
Mais, contrairement aux autres Congolais, l’homme revêt un statut particulier. Étant Cardinal, c’est-à-dire conseiller direct du Pape, il est citoyen de l’Etat du Vatican (dont il détient un passeport) et de ce fait, jouit des immunités diplomatiques, d’une part.
D’autre part, considérant l’accord-cadre entre le Vatican et la RDC de 2016 (ratifié en 2019) et les accords spécifiques de 2020 entre la CENCO et le gouvernement congolais, il existe une procédure à suivre pour y parvenir.
Au delà de ces aspects juridiques, il y a surtout l’opportunité et la nécessité que l’action judiciaire doit considérer et contextualiser, pour ne pas créer du désordre dans la société.
Ambongo ne dit rien de non connu, ni de spécial, qu’avant lui, Malula, Etsou ou Monsengwo n’ont pas dit. Comme ses prédécesseurs, il interpelle les dirigeants et conscientise le peuple. Ceci entre dans le cadre de sa mission prophétique.
PML