«Vital Kamerhe est non seulement quelqu’un de sérieux, de correct, je suis convaincu qu’il jouera à nouveau un rôle dans le pays». Ces propos seraient à verser dans le panier de compliments sans plus s’ils émanaient d’un citoyen lambda.
Seulement voilà, ce…jugement est celui du magistrat suprême sur un détenu condamné par la justice de son pays à deux degrés pour « détournement des deniers publics dans l’affaire des maisons préfabriquées » !
Question à un franc symbolique : Que fait alors Vital Kamerhe en prison? Lui qui est « sérieux » et surtout « correct » ? En d’autres termes, peut-on à la fois être sérieux, correct et… « détourneur » ? Un véritable oxymore.
Certes, ici comme ailleurs, il n’est pas inhabituel de voir d’honnêtes gens être embastillés par erreur judiciaire et surtout pour des raisons d’opinions ou des motifs politiques.
Depuis qu’il est Makala, la prison de Makala en sait énormément. Que de prisonniers politiques ou d’opinions depuis le Régime Mobutu jusqu’à nos jours ? Même si, il faut le reconnaître, la cadence infernale a diminué.
Mais qu’un homme « sérieux » et « correct » soit condamné pour détournement, ça devient un cas de conscience.
Ce n’est pas tout. Lorsque le Président de la République en personne prédit à nouveau un dessein à quelqu’un qui devrait purger 13 ans de travaux forcés, il y a de quoi s’interroger sur le cas «VK» .
Devrait-on s’attendre à une libération du leader de l’UNC ? Une révolution copernicienne dans le procès serait-elle dans le pipeline ? A la Cassation ? Une grâce présidentielle serait-elle en vue ? «Last but not least», une solution politique viendrait-elle enterrer la saga judiciaire à travers laquelle certains observateurs n’ont vu à tort ou à raison qu’un processus de mise à mort politique du très présidentiable «VK»?
À ce propos, le Président très présent dans les médias ces derniers temps avait confié que son allié co-fondateur de CACH avait renoncé au deal de Nairobi. En clair, Vital Kamerhe s’était engagé à soutenir Fatshi en 2023. Ceci pouvait-il expliquer cela ? Rien n’est moins sûr.
Reste qu’au regard de son envergure, Vital Kamerhe a tout d’un caillou dans la chaussure du Président.
Le laisser en prison serait « judiciairement » motivé, mais politiquement risqué pour le Président candidat.
Dans l’Est kivutien d’où vient le Chef de l’Etat, la « valeur VK » a encore de la côte.
Aucun bookmaker sérieux et…correct ne conjuguerait le polyglotte mushi au passé.
José NAWEJ