Quarante ans après son tout premier recensement général, la République démocratique du Congo amorce enfin un nouveau processus. Jeudi à Kinshasa, la Première ministre Judith Suminwa a officiellement lancé les travaux de cartographie pilote, première étape concrète en vue du deuxième recensement général de la population et de l’habitat.
Cette opération, attendue depuis 1984, constitue un tournant décisif dans la quête de données fiables pour le développement du pays.
« Plus de 40 ans après le seul recensement scientifique réalisé, notre pays se tourne avec détermination vers un nouveau départ », a déclaré la cheffe du gouvernement, insistant sur l’importance stratégique de disposer de statistiques démographiques précises pour guider les politiques publiques.
Alors que plusieurs projets d’envergure sont en cours pour sortir la RDC du sous-développement, Judith Suminwa a souligné un paradoxe : l’absence persistante de données fiables sur la population.
« Comment planifier une école, un centre de santé ou un programme social si l’on ne connaît pas la répartition réelle des habitants », a-t-elle interrogé devant les agents mobilisés pour l’opération.
De son côté, Elysée Chovu Alima, directrice générale de l’Institut national de la statistique (INS), a rappelé que les Nations unies recommandent l’organisation d’un recensement tous les dix ans, un rythme que la RDC est loin de respecter.
« Sans base de sondage, il est quasiment impossible de produire des statistiques officielles fiables, ce qui freine autant les politiques publiques que les investissements privés », a-t-elle déploré.
La cartographie pilote vise à collecter des données clés sur la population, les infrastructures socio-économiques et sanitaires, et à établir une base solide pour les enquêtes futures.
Lors du dernier Conseil des ministres, le président Félix Tshisekedi avait d’ailleurs souligné l’urgence d’organiser ce recensement, essentiel pour une planification réaliste du développement national. L’objectif affiché : mettre fin aux approximations concernant le nombre exact de Congolais et asseoir une base statistique crédible pour l’avenir des 26 provinces du pays.
Giscard Havril Mane