Depuis 2013, la Journée internationale de lutte contre les fistules obstétricales est célébrée chaque 23 mai dans le cadre des efforts accrus « pour réduire les blessures et incapacités liées à la maternité ».
A Kinshasa, le Fonds des Nations-Unies pour la population, qui dirige la Campagne pour l’élimination de la fistule, a célébré la Journée autour du thème retenu à l’échelle mondiale : « Rompre le cycle, Prévenir la fistule obstétricale chez les femmes et filles ».
Occasion pour Keneth Ehouzou, représentant adjoint de l’UNFPA en RDC, que « l’apparition d’une fistule obstétricale est directement liée à l’une des principales causes de mortalité maternelle : un travail difficile et prolongé lors de l’accouchement et en absence de soins obstétricaux adéquats ».
Dans les pays développés, la fistule obstétricale a été largement éliminée. Elle « continue de toucher plus de deux millions de femmes et de filles en Asie et en Afrique subsaharienne ». En RDC, une campagne de l’élimination de la fistule obstétricale a été lancée depuis 2006.
« Dès lors, le pays a déployé beaucoup d’efforts avec ses partenaires pour avancer vers l’élimination de la fistule obstétricale et le soutien aux survivantes à travers la stratégie à trois axes, à savoir la prévention, le traitement et la réintégration socioéconomique », a fait savoir Keneth Ehouzou, notant au passage « des progrès remarquables », tout en reconnaissant en même temps que « beaucoup reste à faire pour atteindre l’objectif de zéro fistule obstétricale dans une génération ».
Si la tâche est ardue, l’UNFPA veut y croire, à condition d’avoir « un leadership politique fort, ainsi que des investissements et des mesures prouvées fortes ». Un appel qui a tout de suite retenu l’attention de la partie gouvernementale présente à cette célébration.
Dans son mot, le représentant du ministre de la Santé publique a classé la fistule au rang d’un « drame poussant les femmes qui en souffrent à vivre à l’écart de toute vie sociale ». Pour le gouvernement congolais, la fistule obstétricale est clairement, quand elle n’est pas traitée, un « frein à l’autonomisation de la femme », tout en l’exposant « à la mort, suite aux infections, à une insuffisance rénale ou à la dépression mentale ».
« En réponse à ce fléau, le ministère a doté le pays de la stratégie nationale d’élimination de la fistule obstétricale et a mis en place un comité national », a rappelé le représentant du ministre Kamba.
Cette célébration de la Journée internationale de lutte contre les fistules obstétricales a également été marquée par les témoignages des personnes guéries de cette lésion. Gisèle Mansanga, venue du Kongo Central, a relaté son calvaire devant une assistance composée entre autres de la Directrice du Programme national de la santé de reproduction (PNSR) et du bourgmestre de Kasa-Vubu.
« Je ne mangeais pas, je ne faisais que pleurer. C’est alors que j’ai appris qu’on pouvait me traiter. J’avais vieilli d’un coup au point d’aller chercher des délivrances à l’église », a-t-elle témoigné, pleine de vie aujourd’hui après une prise en charge réussie.
L’objectif derrière cette politique nationale est de passer sous la barre de 1 cas de fistule pour 1.000 naissances à l’horizon 2030. Comparativement, plus de 5.000 cas ont été rapportés pour 36.000 accouchées présentant des complications post-partum.
Yvette Ditshima