Alors que le chef de l’État congolais pointe du doigt Paul Kagame d’être derrière la résurgence du M23 pour des fins économiques de piller les ressources minières de l’est du pays, son bras droit et secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès (UDPS) pointe plutôt du doigt l’ex-président Joseph Kabila.
Il nous a habitués à des déclarations fracassantes lors de ses « matinées politiques » devant cadres et militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Le samedi dernier au siège du parti à Limete, Augustin Kabuya, qui vient tout juste de boucler son travail d’informateur, n’a pas dérogé à ses habitudes.
Sa cible principale de la journée : l’ancien président de la République, Joseph Kabila qu’il accuse d’être derrière la rébellion du M23. « J’étais au courant de cela [depuis longtemps]», martèle celui qu’on surnomme AK47.
« Quand on était avec eux, ils le faisaient avec des réserves. Mais maintenant qu’ils ont compris que Félix Tshisekedi est en train de marquer des points, ils ont ressuscité leur M23 ».
Faut-il prendre au sérieux ces déclarations ? En tout cas, il ne faut pas compter sur le taiseux Joseph Kabila pour la réplique. Sur ses proches, si. « Propos irresponsables qui frisent la folie », réagit sur X Barbara Nzimbi, la chargée de communication de Joseph Kabila.
Et d’enchainer :
« Joseph Kabila est le seul chef d’Etat de toute l’histoire de la RDC à organiser des élections démocratiques, ensuite une alternance pacifique qui a eu pour premier bénéficiaire ce même parti. Peut-il fuir, mieux abandonner ce pourquoi il s’est investi toute sa vie ? Ou encore être à la base d’une quelconque déstabilisation de cette même nation ? C’est incohérent de réfléchir dans ce sens ».
Fondées ou pas, les accusations d’Augustin Kabuya viennent-elles contredire Félix Tshisekedi dont la rhétorique autour de l’origine de la guerre de l’est repose exclusivement sur la responsabilité de son homologue Paul Kagame ? Dans ses interviews avec les médias ou encore dans ses discours au pays et à l’international, le chef de l’État congolais ne loupe aucune occasion pour pointer la responsabilité du président rwandais qu’il qualifie de chef d’Etat « rétrograde».
Pour Félix Tshisekedi, l’unique raison pour laquelle Kagame a ressuscité ses « pantins » du M23, c’est le pillage des ressources nationales congolaises. L’on a vu comment il s’est opposé au protocole d’entente sur les minerais stratégiques récemment signé entre le Rwanda et l’Union européenne.
« Des propos de Kabuya risquent de donner de l’eau au moulin à Paul Kagame qui présente la situation du M23 comme un conflit congolo-congolais », fait observer un analyste.
« Certains congolais entrent dans le jeu de Kagame. Il a tout fait de faire porter un visage congolais à cette agression via Nangaa. Et voilà qu’on ne parle plus de Kagame, mais du PPRD, des jeunes de ce parti, de Corneille Nangaa et autres », indique un cadre de l’Union.
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