Dans son rapport d’étape établi fin décembre et révélé cette semaine, le groupe d’experts des Nations-Unis a alerté sur le rôle de Thomas Lubanga et Yves Khawa, dans le renforcement de la collaboration entre la coalition AFC-M23 et le groupe Zaïre/ADCVI.
Les deux hommes, déjà visés par des sanctions, semblent ainsi avoir renoué avec la rébellion, agissant, selon le rapport, comme « autorités morales » du groupe Zaïre/ADCVI, opérant en Ituri, dans le Nord-Est de la RDC, poussant pour une « collaboration à grande échelle avec la coalition AFC-M23 ». Ce rapprochement s’est accéléré depuis août 2024, avec des « réunions fréquentes » sur le sol ougandais.
Les experts de l’ONU ont précisé que Lubanga et Kahwa « ont facilité le recrutement et la formation », en plus d’avoir « organisé le déplacement des combattants du groupe à Tchanzu, pour l’entraînement, et le redéploiement en Ituri ». Auprès du M23, leur contact serait Innocent Kaina, alias India Queen, un commandant influent au sein de la rébellion soutenue par le Rwanda.
Avec les deux ex-seigneurs de guerre, India Queen a eu des échanges à Kampala. Les experts de l’ONU ont également évoqué une rencontre directe entre Lubanga et Corneille Nangaa, chef de l’Alliance fleuve Congo (AFC/M23), toujours dans la capitale ougandaise.
« La ferme d’Yves Kahwa dans le district de Hoima, en Ouganda, près du lac Albert, a servi de point logistique et de transit aux combattants du groupe Zaïre en Ituri, dont certains qui, au moment de la rédaction de ce rapport, revenaient de la formation à Tchanzu et étaient basés au lac Albert, côté ougandais, prêts à se rendre en Ituri pour combattre », rapportent ces experts.
Toutefois, le gouvernement ougandais a expliqué ne pas être au courant de la présence et des activités récentes à Kampala de ces trois rebelles congolais. Thomas Lubanga a été, en 2012, le premier condamné de l’histoire de la
Cour pénale internationale (CPI).
Reconnu coupable de conscription et d’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans, et du fait de les avoir fait participer à des hostilités, Lubanga avait alors écopé de 14 ans de prison, comptant à partir de la date de son arrestation, en mars 2006.
Libéré le 15 mars 2020 après avoir purgé l’intégralité de sa peine, Lubanga a tenté de se présenter aux législatives de 2023 mais sa candidature a été recalée par la Cour constitutionnelle, tout comme celle d’Yves Kahwa, cet ancien chef coutumier devenu chef d’une milice. La Cour constitutionnelle avait alors jugé que les deux candidats ne pouvaient briguer un siège législatif du fait de leur condamnation définitive pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Infos.cd