Alors que l’Angola annonce le début des négociations directes entre le gouvernement congolais et le M23 à partir de ce 18 mars, la Communauté économiques des Etats d’Afrique australe (SADC) a confirmé ce jeudi le retrait de ses troupes dans l’est de la RDC. Faut-il ou non associer la décision de Kinshasa de finalement négocier directement avec la rébellion du M23 qui occupe des pans entiers des territoires dans le Nord-Kivu et Sud-Kivu, dont les villes stratégiques de Goma et Bukavu, au retrait annoncé des forces de la SADC ?
En tout cas, tout coïncide en ce mois de mars. Si cela n’avait pas été officiellement annoncé, c’est depuis le 6 mars, lors de la réunion en visioconférence de sa Troïka dont a pris part Félix Tshisekedi, que la SADC avait levé l’option de retirer ses troupes dans l’est de la RDC, une année après leur déploiement. Selon Jeune Afrique, les préparatifs de désengagement de cette force constituée de près de 4000 hommes avaient déjà commencé en fin de semaine dernière.
La force de la SADC n’a pas résisté
En obtenant le départ, fin 2023, des forces de l’EAC (communauté de l’Afrique de l’est) qu’il accusait de complaisance envers le M23, Félix Tshisekedi espérait que les forces de la SADC aiderait un peu plus l’armée congolaise pour empêcher la progression de la rébellion. Mais ces troupes régionales n’ont pas résisté à l’offensive du M23 soutenue par l’armée rwandaise lors de la prise, fin janvier, de Goma. Dix-huit militaires dont 14 du contingent sud-africain, avaient trouvé la mort lors des affrontements. Une perte qui a soulevé un tollé en Afrique du Sud, notamment au sein de l’opposition qui exigeait le retrait des forces sud-africains.
N’ont pas également résisté, des mercenaires étrangers recrutés par Kinshasa.
Quels compromis sans se compromettre ?
Sans appui militaire extérieur alors que les forces armées congolaises connaissent des difficultés sur le terrain, Félix Tshisekedi avait-il encore le choix ? La réalité est que la ligne rouge, qui consistait à ne jamais discuter avec un groupe qualifié de « terroriste » et des pantins de Kigali, est aujourd’hui effacée. Mais attention : qui dit négociations, ne dit pas forcément accord. Face aux revendications floues des rebelles, reste à savoir jusqu’où le gouvernement congolais pourrait accepter des compromis sans trop se compromettre. Déjà, dans l’opinion, toute idée d’une intégration dans l’armée des ex-rebelles est redoutée comme de la peste. En novembre 2022, l’Assemblée nationale a voté une Résolution interdisant au gouvernement « d’amorcer toute négociation avec des forces négatives en vue de procéder à leur intégration, brassage ou mixage » dans les forces de défense et de sécurité.
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