A Kinshasa, le banditisme urbain manifesté par le phénomène « Kuluna », refait surface à des proportions inquiétantes. Il ne se passe plus un jour sans que les « Kuluna » se livrent à des scènes populaires d’affrontement ou qu’ils dépouillent des paisibles citoyens.
La dernière scène macabre s’est produite dimanche en marge d’un tournoi de football organisé dans la commune de Lingwala par le ministre de la Jeunesse et Initiation à la nouvelle citoyenneté, Yves Bunkulu.
Deux gangs, en plein jour, se sont affrontés machettes et autres armes blanches à la main en plus des pierres.
La vidéo de cette scène devenue virale sur les réseaux sociaux émeut, blesse les sensibilités et interroge sur la capacité de la Police nationale congolaise (PNC) à contenir ce problème.
A la suite des incidents de dimanche à Lingwala, le général Sylvano Kasongo a annoncé l’ouverture des enquêtes.
« La vérité est que les éléments de la PNC ont montré leur limite de faire face à cette situation. Autrefois, avec un leadership éclairé et fort à sa tête, la PNC a mis fin à cette crise pourquoi ne pas employer la même méthode aujourd’hui ? Aux grands maux, les grands remèdes », a laissé entendre un Kinois, qui réclame des changements à la tête de la police.
Malgré la très contestée opération Likofi vers les années 2013-2014 ou encore récemment l’opération consistant à rétrograder des Kuluna dans les champs du Service national à Kanyama Kasese, dans le Haut Katanga, ce banditisme urbain résiste aux mesures gouvernementales.
Ne faudrait-il pas attaquer le problème par la racine ? Un autre acteur social propose l’interdiction stricte des stupéfiants (liqueurs fortes et autres drogues) qui, selon lui, est premièrement à la base de ces comportements.
« L’Etat doit prendre sa responsabilité. Il est anormal de voir dans chaque coin des rues des points de vente des drogues pourtant interdites à la consommation. Qui produisent ces liqueurs ? Qui les distribuent ? On laisse nos enfants se droguer et on s’étonne qu’ils se méconduisent. C’est vouloir une chose et son contraire. Malheureusement parmi les premiers consommateurs de ces produits prohibés, il y a des agents de l’ordre eux-mêmes », s’indigne-t-il.
Il faudrait aussi, pense-t-il, encadrer cette jeunesse laissée à la merci de la délinquance. Leur proposer des formations et un environnement sain. Une totale remise en question s’impose.
Hugo Matadi