Il a fallu attendre trois jours après le massacre de plus de quatre-vingts civils (selon la société civile) dans les localités de Masala, Mahihi et de Keme, territoire de Beni, par les impénitents terroristes d’Adf, pour enfin lire un communiqué du gouvernement congolais. Son contenu, c’est du pure classique : d’abord le nombre des victimes présenté de moitié en dessous de ce que la société civile a évoqué (41 morts).
Et enfin, cette fameuse et honteuse évocation qui ne manque jamais après chaque drame humain : « Le gouvernement de la République accompagne les familles dans le processus d’inhumation des victimes et assure la prise en charge des blessés dans des structures adéquates ».
La prise en charge des obsèques et des victimes, cette répétitive incise dans des communiqués officiels après des drames a un cruel mérite. Celui de choquer les familles endeuillées.
Comme s’il suffisait de prendre en charge des obsèques pour réparer tous les dégâts causés généralement par les limites de l’Etat à assurer pleinement son rôle de protecteur. Cela n’est pas seulement observable dans le domaine sécuritaire où l’absence de l’autorité de l’Etat est criante même dans la capitale Kinshasa où les Kuluna font la loi dans certains coins. La macabre observation reste globale : après des naufrages à répétition dans les fleuves, lacs et rivières du pays du fait de la non observance des moindres mesures d’embarquement, après des drames comme celui de Matadi Kibala il y a deux ans, après des morts à la suite des pluies diluviennes du fait des constructions anarchiques et du non entretien des voies d’évacuation des eaux…
On a toujours enterré les morts, sans jamais enterrer les causes profondes de ces drames. Or, les familles congolaises ne demandent des enterrements « dignes » de leurs membres. Mais une vie avec dignité, dans un environnement sûr et sécurisé. Et il n’y a que l’Etat pour assurer ce bien-être fondamental.
Par respect à ces familles meurtries, la « prise en charge des obsèques pour les victimes et des soins pour les rescapés » ne devrait même plus figurer dans des communiqués officiels. Ce n’est pas une consolation, mais juste une petite contribution obligatoire du gouvernement qui mérite bien de passer inaperçue.
Socrate Nsimba