L’ONG internationale Human rights watch (HRW) a publié ce mardi un rapport sur la situation sécuritaire et humanitaire qui prévaut à l’Est de la RDC.
Dans ce rapport, cette ONG a tenté de démontrer comment certains officiers des Forces armées de la RDC ont « apporté un soutien direct aux groupes armés ».
« Des unités de l’armée congolaise recourent de nouveau à la pratique discréditée et préjudiciable consistant à utiliser des groupes armés responsables d’abus comme supplétifs », a, d’entrée de jeu, déploré Thomas Fessy, chercheur principal pour la RDC à HRW.
Puis, une litanie d’exemples a été mise en exergue pour étayer la collaboration entre les groupes armés et des officiers de l’armée régulière.
« Des membres de l’armée congolaise, appartenant au 341e régiment de Tokolonga, avaient fourni plus d’une dizaine de caisses de munitions aux combattants des FDLR à Kazaroho, l’un de leurs bastions dans le Parc national des Virunga, le 21 juillet. Deux mois plus tôt, des dizaines de combattants des FDLR et de la CMC/FDP auraient pris part à une vaste contre-offensive avec l’armée régulière dans la zone de Rumangabo et Rugari », a avancé HRW dans son rapport.
« C’est les [troupes] du gouvernement qui nous ont toujours fourni des munitions. Ils nous ont aussi donné des tenues neuves et des bottines », a affirmé à l’ONG HRW l’un des combattants des FDLR.
Un son de cloche similaire s’est fait entendre du côté de la milice Maï-Maï/ Kabidon.
« C’est l’armée (régulière) elle-même qui a fait appel à nous. On nous approvisionne en munitions à Kiwanja et nous rejoignons directement la ligne de front… Au front, la collaboration se fait sur base des appareils de communication, parce que chaque groupe est déployé sur sa position », ont précisé deux combattants de cette milice.
Outre la collaboration dénoncée entre des officiers des FARDC et les forces négatives, HRW a noté « plusieurs cas d’abus contre des civils, dont au moins trois meurtres perpétrés par des combattants des FDLR en mai et en juillet et deux cas de viol par des militaires congolais en juillet ».
L’ONG a mis en lumière le cas de Kaseba Nyangezi, 25 ans, issu d’une famille mixte Hutu-Tutsi, exécuté le 7 juillet par des combattants des FDLR.
La victime s’était réfugiée avec sa famille à Kabaya après la prise de Bunagana par des rebelles M23
« Des combattants des FDLR et Nyatura ont accusé Nyangezi de collaborer avec le M23 et l’ont harcelé. Se sentant menacé, il s’est enfui à Goma, où des combattants l’ont par la suite arrêté. Ils l’ont pris et l’ont envoyé chez les FDLR à Rugari. Ils l’ont tué, mais personne n’a encore retrouvé son corps », a raconté à l’ONG internationale un membre de la famille de la victime.
Au regard de ces exactions, HRW a recommandé au gouvernement congolais de « mettre fin à ce soutien, qui entraine une complicité de l’armée dans les exactions », d’ « identifier les officiers responsables » et de « leur faire rendre des comptes ».
Laurent Omba