Entre les Forces armées de la RDC et les rebelles du M23, c’est la guerre. Et, celle-ci a atteint des proportions inquiétantes en début de semaine dernière. D’intenses combats, livrés autour des collines de la cité de Sake, à 27 kilomètres de Goma, ont dissuadé de nombreuses familles à y demeurer.
Kanaume Luendo, père de 11 enfants et menuisier de profession, figure, ensemble avec sa famille, parmi les 135.000 habitants de Sake qui, selon un rapport d’OCHA, ont résolu de se diriger vers Goma, espérant y trouver un asile de paix, alors que la capitale du Nord-Kivu a été bombardée plus d’une fois en une semaine par les rebelles du M23. Quoi que ces derniers disent n’avoir aucune intention de prendre le contrôle de la ville comme en 2012.
La soixantaine, Kanaume Luendo a été rejoint dans son enfer par Infos.cd à qui il s’est en plus confié. Son chemin de la croix a commencé tôt le matin du mercredi 7 février. Des jours plus tôt, il a tenté de résister aux bruits des bottes, à la détonation des armes lourdes et à l’avancée des rebelles, avant finalement de fléchir, soucieux de garantir sécurité à sa famille.
Pour la troisième fois, a-t-il confié, Kanaume Luendo se retrouve dans l’obligation d’abandonner Sake, cité qui l’a vu naître, grandir et fonder son foyer dans un climat d’incertitude permanent.
« C’est déjà la troisième fois que nous sommes contraints de quitter notre maison. D’abord à cause de la guerre menée par Laurent Nkunda, puis celle de Bosco Ntaganda. Et voici celle d’aujourd’hui », a épinglé ce natif de Sake, le visage empli de regret et d’incertitude, tant il s’en va de Sake sans avoir une destination précise.
« Nous nous dirigeons vers une destination inconnue. Nous fuyons sans savoir où nous allons. Nous avançons seulement et nous verrons ce qu’il en est une fois arrivés à Goma », a-t-il dit, forçant de dégager une attitude optimiste alors qu’il parcourt, sous un soleil de plomb, aux cotés de sa femme et ses onze enfants, les 27Km qui séparent Sake et Goma.
Ce qui relève d’une peine désagréable endurée aussi bien par Kanaume Luendo et sa famille que par des enfants, des personnes âgées, des personnes avec handicap, etc. A l’unanimité, tous ces déplacés en ont appelé les autorités à s’appliquer pour arrêter définitivement cette guerre qui a longtemps duré.
« Que nos autorités nous viennent en aide et trouvent une solution à cette situation, car nous souffrons énormément. Nous souffrons à cause de cette guerre qui ne prend jamais fin. Je suis fatigué de fuir chaque fois chez-moi suite à des guerres, que les autorités agissent car nous souffrons », a imploré Kanaume Luendo avec une voix chargée d’émotions.
A l’Est de la RDC, la situation sécuritaire va de mal en pis depuis environ trois décennies, accentuée par la profusion des groupes armés. Ceux-ci sont d’une telle cruauté que la guerre de l’Est a franchi le seuil de 18 millions de morts, selon des chiffres avancés par des organisations de la société civile. Ce bilan humain très lourd, couplé à la récente détérioration du tissu sécuritaire, causé par les rebelles du M23, appuyés par le Rwanda, a suscité une vague de dénonciations. Le ton a été donné par les footballeurs engagés à la CAN en reprenant un geste inventé par l’attaquant Cédric Bakambu pour accuser le monde de « silence » alors que « on tue au Congo ». Le geste a ensuite été repris par les autorités congolaises lors d’une réunion de Conseil des ministres, des pasteurs, des artistes, et autres.
Fidèle Kitsa