Le Kenya a pris au sérieux les menaces proférées par le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni. Via Twitter, et plus d’une fois, Kainerugaba, réputé pour ses tweets incendiaires, a clairement menacé d’envahir Nairobi, capitale kényane.
Tout est parti des tweets pyromanes du général Muhoozi Kainerugaba, alors commandant en chef des forces terrestres de l’UPDF.
« Après avoir capturé Nairobi, j’emmènerai ma femme faire le tour de notre district », a tweeté lundi le fils Museveni.
After capturing Nairobi, I shall take my wife on a tour of our district. pic.twitter.com/p8WXXG6qMr
— Muhoozi Kainerugaba (@mkainerugaba) October 4, 2022
Il est revenu à la charge pour carrément rajouter de huile au feu en postant :
« Il ne faudrait pas deux semaines à l’Ouganda pour capturer Nairobi ».
C’en était suffisant, voire de trop, pour mettre les Kényans en état d’alerte face à une plausible invasion de leur capitale par l’armée ougandaise.
Depuis mardi, ont annoncé des médias kényans, Nairobi a entrepris de renforcer sa sécurité aux frontières.
Une agence multi-sécrutitaire a été déployée à Turkana vers la frontière avec l’Ouganda. La mission y est dépêchée, affirment ces médias, pour prévenir et contenir des plausibles assauts de l’UPDF.
Tension. Il faut vite la désescalade. C’est alors qu’entre en jeu mardi le président Yoweri Museveni. Il a vite rappelé son fils à l’ordre au cours d’un entretien à tête-à-tête, ironiquement restitué par Muhoozi Kainerugaba… encore et toujours sur Twitter
« Notre peuple devrait se détendre parce que mon père m’a dit de ne pas battre l’armée kényane », a-t-il publié, annonçant dans la foulée des changements au sein de l’armée.
L’officialisation de ces changements est tombée quelques instants plus tard. Le fils Museveni a été démis de ses fonctions de chef de l’armée terrestre ougandaise. Il a été remplacé à ce poste par le général de division Kayanja Muhanga, promu simultanément au grade de lieutenant-général.
Celui-ci est actuellement commandant de l’opération Shujaa, menée par l’armée ougandaise en République démocratique du Congo pour neutraliser les groupes armés qui écument la paix dans la partie Est du pays de Tshisekedi.
Muhoozi Kainerugaba peut toutefois se contenter d’un avancement en grade, car il a été élevé au rang de général full par son père.
Ses menaces, estime-t-on, sont de nature à constituer un nouveau foyer des tensions au sein de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), outre celui qui met aux prises Kinshasa et Kigali.
Pendant ce temps, la RDC attend recevoir des troupes des différents pays de l’EAC dans le cadre du protocole de Nairobi pour rétablir la paix dans sa partie orientale.
Faut-il craindre le pire avec la présence des armées qui vont probablement se regarder en chiens de faïence ?
Laurent Omba